On ne compte plus les succès de Ridley Scott, réalisateur d’Alien, Gladiator ou encore Blade Runner, mais aujourd’hui, c’est une autre de ses oeuvres qui m’a inspiré : La Chute du faucon noir. Sorti en 2001, le film montrait les combats qui se sont déroulés à Mogadiscio les 3 et 4 octobre 1993, coûtant la vie à 19 militaires américains et plusieurs centaines de somaliens. Retour sur ces deux jours d’affrontements et leurs conséquences dans un pays historiquement instable.
Un pays à l’Histoire mouvementée
La Somalie, jusqu’alors sous tutelle italienne et britannique, acquiert son indépendance en 1960. Néanmoins, les peuples parlant le somali sont répartis entre différents états : la Somalie, le futur Djibouti, l’Ethiopie et le Kenya, ce qui entraînera de nombreuses tensions entre ces pays. En Somalie, en 1969, un coup d’État porte le général Mohamed Siad Barre au pouvoir entraînant ainsi l’avènement d’un nouveau régime : la République démocratique somalienne.
Le gouvernement se rapproche alors de l’Union Soviétique qui enverra de nombreux conseillers, ingénieurs et techniciens afin d’aider au développement de la jeune nation somalienne. Néanmoins, en décembre 1974, l’empereur d’Ethiopie est renversé par des militaires. Pour l’URSS, le voisin éthiopien est un allié plus intéressant que la Somalie, l’Ethiopie étant plus grande, plus peuplée et plus développée. Cependant, les rapports entre les deux pays africains sont difficiles et après quelques tentatives de médiations, l’URSS prend le parti de l’Ethiopie après l’invasion de la région de l’Ogaden par la Somalie en juillet 1977.
Défaite par l’Ethiopie, la Somalie se rapproche des Etats-Unis dans les années 1980 et reçoit également l’aide de la Chine, mais cela n’empêche pas les troubles internes qui aboutissent en juillet 1982 à une rébellion armée soutenue par l’Ethiopie. Malgré l’aide financière de plusieurs pays occidentaux, la situation économique du pays est désastreuse et en 1987, la Somalie se brouille avec le Royaume-Uni qui avait condamné les violences à l’encontre de l’opposition. En 1989, ce sont les Etats-Unis qui suspendent leur aide au pays suite à la répression meurtrière, notamment à l’encontre du clan Isaaq. La situation devient hors de contrôle pour Mohamed Siad Barre qui fuit alors au Kenya avant de se réfugier et de mourir au Nigéria.
Un raid presque comme les autres
L’effondrement du régime de Siad Barre laisse place à une terrible guerre civile entre les différentes factions qui avaient renversé le dictateur déchu. Cette situation oblige l’ONU à intervenir et plusieurs milliers de casques bleus sont envoyés pour sécuriser l’aide humanitaire internationale, mais les attaques de différents clans somaliens poussent les américains à envoyer près de 30 000 hommes dans le cadre de l’opération “Restore hope” en décembre 1992. Cette opération menée sous l’égide de l’ONU permet de restaurer une partie des infrastructures du pays et freine momentanément les affrontements entre clans rivaux.
Néanmoins, ce relatif retour au calme ne dure pas et en juin 1993, 24 soldats pakistanais sont tués alors qu’ils inspectaient une cache d’armes. Une nouvelle opération est alors décidée par les Nations Unies et cible clairement les chefs de guerre, à commencer par Mohamed Farrah Aidid qui est jugé responsable de la mort des soldats pakistanais. La tension va alors monter progressivement avec des affrontements de plus en plus fréquents entre les forces internationales et les miliciens somaliens. Le 12 juillet 1993, un raid est mené par les américains sur un immeuble qu’ils considèrent comme un centre de commandement. Cette attaque tuera plus de 70 personnes, dont des femmes, des enfants et des opposants à la stratégie guerrière de Mohamed Aidid. Dans la foulée, 4 journalistes européens sont lynchés par une foule furieuse. Ce drame ne fait qu’accentuer les tensions et les morts se multiplient des deux côtés jusqu’à octobre 1993.
Le 3 octobre, la CIA est avertie par un informateur que des membres de l’Alliance Nationale d’Aidid vont se réunir à l’hôtel Olympic du quartier de Bakara. Indépendamment de l’ONU, les américains décident d’intervenir afin de capturer les lieutenants du chef de guerre et reprennent le mode opératoire de leurs raids précédents. Dans un premier temps, l’opération se déroule comme prévu avec la capture de 24 prisonniers par les Rangers déposés par hélicoptère. Seul accroc, la blessure d’un Rangers qui a fait une chute de 10 mètres depuis son appareil. Trois véhicules sont détachés pour aller le secourir mais les miliciens somaliens, initialement surpris, réagissent vigoureusement et attaquent les deux colonnes US.
C’est alors un véritable déluge de feu qui s’abat sur les troupes américaines qui perdent deux véhicules et un hélicoptère et comptent plusieurs blessés. Un autre appareil, touché lui aussi, parvient à rentrer mais la confusion est totale pour des soldats US isolés qui voient bientôt un troisième hélicoptère s’écraser en essayant de rejoindre l’aéroport ce qui crée un troisième point à secourir dans la capitale somalienne. A 17h45, un nouveau convoi formé de vingt-deux véhicules se met en route pour porter secours aux troupes américaines, mais la colonne est rapidement stoppée par les miliciens et doit se replier vers sa base de départ. Pendant ce temps, deux tireurs d’élite sont déposés près de la carcasse d’un des hélicoptères mais celui qui les a déposés ne tarde pas à être abattu et son pilote est capturé. Isolés, les deux snipers finissent par être tués alors que près de quatre-vingt-dix hommes sont bloqués sans ravitaillement et avec peu de munitions.
Bilan et conséquences
La seule solution est alors de lancer un raid blindé, mais les seuls soldats à disposer de ce type de véhicules sont les Casques bleus pakistanais et malaisiens. Alors que les américains sont forcés de demander l’appui des Nations Unies, il faudra attendre 23 heures pour que la colonne de soixante-dix véhicules s’élance. Les combats se poursuivront toute la nuit pour un retour au petit matin le lendemain. Le bilan est alors lourd : dix-neuf soldats américains et un Malaisien sont morts, quatre-vingt Américains, sept Malaisiens et deux Pakistanais sont blessés et un pilote a été capturé. Malgré la réussite de la mission et les nombreux miliciens tués, les images des cadavres de soldats traînés par la foule dans les rues de Mogadiscio et la perte de deux hélicoptères transforment l’opération en véritable échec médiatique.
Suite à ces évènements, l’ambassadeur américain en Somalie, va exiger la libération du pilote d’hélicoptère capturé ainsi que les corps des soldats tués. En parallèle, 1300 soldats américains supplémentaires sont déployés en Somalie, mais le 6 octobre, le président américain Bill Clinton annonce la fin des opérations contre Aidid. En mars 1994, la plupart des soldats américains ont quitté le pays avant un retrait total en mars 1995. Cette retraite américaine ne portera pas chance à Mohamed Farrah Aidid qui mourra le 1er août 1996 suite à des affrontements avec des factions rivales. Des rumeurs relayées par le LA Times et USA Today indiqueront que les forces spéciales américaines ou la CIA pourraient être impliquées dans la mort de celui qui s’était proclamé président du pays.
Voilà le déroulement, assez dense, de cet événement popularisé par ce film de Ridley Scott. Si vous avez aimé la vidéo, n’hésitez pas à la liker et à vous abonner à la chaîne et en attendant la prochaine, je vous dis à bientôt !