La base sous-marine de Bordeaux : repaire des U-boots dans le Sud-Ouest

base sous-marine de Bordeaux

Durant la seconde guerre mondiale, les allemands vont mener une guerre sous-marine totale afin d’isoler le Royaume-Uni de son empire et des Etats-Unis. Pour cela, cinq bases sous-marines vont être construites en France sur la face Atlantique. Retour aujourd’hui sur l’histoire de la base de Bordeaux.

Genèse du projet et construction

Le 22 juin 1940, la France et l’Allemagne signent l’armistice à Rethondes, dans la forêt de Compiègnes. C’est la fin de la Bataille de France et le début de l’occupation du pays par les forces du IIIème Reich. En parallèle, l’Italie de Mussolini profite de la défaite française pour installer une base sous-marine dans le port de Bordeaux. Il s’agît alors pour la Regia Marina d’apporter son aide à la Kriegsmarine lors de la Bataille de l’Atlantique. Ainsi, fin 1940, ce sont près d’une trentaine de sous-marins italiens, placés sous contrôle allemand, qui partent en mission depuis Bordeaux.

Néanmoins, la base n’est pas protégée ce qui inquiète le commandement allemand qui souhaite construire un grand bunker pour protéger les sous-marins au repos. Si l’idée apparaît dès 1940, il faut attendre la visite de l’amiral Dönitz, commandant de la flotte sous-marine, pour que le projet soit véritablement lancé. Il faut toutefois attendre septembre 1941 pour que les travaux commencent réellement par le biais de l’organisation Todt et sous la direction de l’ingénieur Andreas Wagner. Sur décision de Dönitz, il est décidé que la base soit construite directement dans le port de Bordeaux.

Mise en service

En janvier 1943, la base accueille son premier sous-marin, l’U-178 et le 13 mai de la même année, le bâtiment est officiellement inauguré. Recouverte d’un toit en béton armé de 3,5 mètres d’épaisseur, elle contient onze alvéoles qui peuvent chacune accueillir un ou deux sous-marins. Plusieurs milliers d’ouvriers – souvent des prisonniers – vont être utilisés pour ces travaux dont près de 3000 républicains espagnols*. Quelques mois plus tard, un réservoir de carburant est achevé à proximité de la base afin d’approvisionner les sous-marins grâce à un réseau de pipelines souterrains.

En revanche, la construction d’une écluse bétonnée, capable de résister aux bombardements, n’est pas jugée prioritaire contrairement au renforcement du toit. En effet, devant l’intensité des bombardements alliés, les allemands décident de le renforcer grâce à une structure de type “Fangrost” composée de poutres de béton parallèles disposées 2,10m au-dessus du toit afin de faire exploser les bombes avant qu’elles n’atteignent la base. Néanmoins, lorsque l’armée allemande est contrainte de quitter Bordeaux en août 1944, cette protection n’est pas entièrement achevée. De la même manière, d’autres projets n’ont pas pu être achevés tel que l’extension de la base ou des modifications des systèmes de chauffage et d’alimentation électrique.

* On estime que 70 d’entre eux mourront durant le chantier

Un site délaissé qui retrouve une deuxième vie

Après la guerre, cette immense installation, qui n’a servi qu’un an et demi, représente une source d’embarras pour le port de Bordeaux qui hérite du site. La base n’a pas d’utilité pour la ville et bloque toute extension du port, mais le bâtiment est trop puissamment bétonné pour être dynamité. Il va donc rester plus ou moins abandonné pendant une cinquantaine d’années malgré une utilisation (très limitée) par la marine nationale.

Le salut du site viendra finalement de la culture grâce à quelques artistes qui utiliseront le bâtiment à l’image de l’écrivain et poète Jean Cayrol qui y tournera une scène du film “Le coup de grâce” dans les années 1960. En 1978, le festival Sigma va également utiliser l’ancienne base sous-marine pour ses festivités mais c’est dans les années 1980, avec la cession des bassins à flot du port à la mairie, que les projets vont se multiplier. Il faudra toutefois attendre les années 1990 pour que le site retrouve une deuxième vie grâce à la création : 

  • d’un espace d’expositions temporaires qui se concentre sur des créations contemporaines
  • d’un centre d’art numérique qui permet de présenter des expositions numériques immersives

De nos jours, les alvéoles 5 à 11 sont toujours libres et de nouveaux aménagements pourraient voir le jour dans les années à venir afin de mettre ces espaces à profit grâce à des projets culturels où d’énergies vertes.

Vous connaissez désormais l’histoire de cette base imposante qui n’aura finalement servi que 20 mois pour son usage militaire.. Si vous souhaitez la voir et visiter les expositions actuellement proposées, cliquez sur le lien ci-dessous. Si cet article vous a plu, n’hésitez pas à réagir et à le partager sur les réseaux.

https://www.bassins-lumieres.com/