Monument emblématique et témoin privilégié de l’histoire de France, la basilique de Saint-Denis a été durant de nombreuses années un symbole pour le royaume de France avec ses 70 gisants et tombeaux retraçant l’évolution des sculptures funéraires du XIIème au XVIème siècle.
Aux origines de l’abbatiale
Sur la fin du Vème siècle, une petite église est édifiée sur le site d’un ancien cimetière gallo-romain où aurait été enterré Saint Denis, le premier évêque de Paris. Envoyé par le Pape pour évangéliser la Gaule, il avait été décapité sur la Butte Montmartre. Selon la légende, il aurait ensuite ramassé sa tête et parcouru 6 km jusqu’au village de Catolacus (l’actuelle ville de Saint-Denis).
Au VIIème siècle, durant le règne du roi Dagobert, des travaux sont réalisés et portent la longueur totale de l’église à 55 m. La décoration intérieure bénéficie également de l’intérêt du roi et le sarcophage de Saint-Denis est doté d’un revêtement d’or et de pierres précieuses. Une grande croix, toujours en or, est également installé au-dessus de l’autel majeur. À sa mort et selon sa volonté, Dagobert sera le premier roi à être enterré dans l’église à droite de l’autel des Saint-Martyrs.
Suger et l’apogée de l’abbaye
Quelque peu délaissé par les derniers rois Carolingiens, l’abbaye retrouve un certain prestige à la suite de l’accession des Capétiens au trône de France en 987. Cela se matérialise notamment par l’inhumation d’Hugues Capet (941-996), premier roi de cette nouvelle dynastie. Pourtant, plus d’un siècle plus tard, c’est le fils d’une famille de riches paysans qui va marquer l’âge d’or de l’abbaye. Il étudiera une dizaine d’années au prieuré de l’Estrée où il fera la connaissance du futur Louis VI dit « le Gros » avec qui il se liera d’amitié. Intelligent et bibliophile, Suger sera nommé par l’abbé Adam prévôt de Berneval (en Normandie) et accroitra considérablement les richesses de ce domaine tout en menant diverses missions en Italie pour le compte de l’abbé. À la mort de ce dernier, Suger sera élu abbé à son tour ce qui ne l’empêchera pas de retourner en Italie où il fréquentera de nombreuses institutions ecclésiastiques telle que Bénévent, Salerne ou le Mont-Cassin.
À son retour à Saint-Denis, il réforma le fonctionnement de l’abbaye en s’opposant aux excès d’austérité défendu par Bernard de Clairveaux. Il entreprendra également à partir de 1135 d’important travaux de reconstruction en commençant par la façade occidentale, encore d’inspiration romane. Ses travaux concerneront notamment la crypte et le chœur de l’abbaye. Au-delà de ses fonctions à l’abbaye, Suger s’impliquera également au service de l’Etat en rédigeant plusieurs actes pour le compte de la chancellerie royale. Il s’engagea encore davantage pour Louis VII dont il rédigera la vie. Lors du départ du roi pour la deuxième croisade, il assurera même la régence du royaume jusqu’à 1149. Deux après le retour du roi, il décèdera à Saint-Denis le 13 janvier 1151. Suger aura réussi à faire reconnaître l’abbaye comme l’unique cimetière des rois et comme gardienne des insignes de la monarchie. Il n’aura cependant pas pu supplanter la cathédrale de Reims comme église de sacre pour les rois de France.
Du Moyen-âge à la Révolution
Durant le siècle suivant, de nouveaux travaux seront réalisés sous le règne de Louis IX (Saint-Louis). On peut notamment citer l’élévation du transept, l’agrandissement du chœur ou le rehaussement des tours. Par la suite, au fur et à mesure des années, de nouve aux tombeaux furent construit pour accueillir les dépouilles des souverains. S’il ne fallait en citer qu’un, on pourrait évoquer le monument érigé par François Ier en l’honneur de Louis XII et d’Anne de Bretagne qui est particulièrement impressionnant.
L’Abbaye va toutefois se retrouver au cœur des évènements lors de trois périodes troubles de notre histoire :
– Premièrement, les guerres de religions qui ont opposé les protestants aux catholiques. Durant cette période, quelques tombes furent détruites et le trésor de l’Abbaye fut ponctionné par la Ligue (le camp Catholique). Toutefois, c’est également à Saint-Denis qu’Henry IV abjura sa foi protestante avant de se faire sacrer à Reims.
– Deuxièmement, la Fronde. Lors du siège de Paris en 1649, les troupes royales regroupées à Saint-Denis se sont livrées à des pillages en tout genre. La population, apeuré, se réfugia alors en grande partie dans l’église entrainant divers dégâts mais c’est 1652 que la situation se détériore brutalement. Les partisans du prince de Condé (les rebelles) s’étant réfugié à l’intérieur de l’église, les troupes royales mirent le feu aux portes. Finalement, des combats auront lieu à l’intérieur de l’abbaye, jusque dans le cloître.
– Enfin, la Révolution française. Malgré les réformes révolutionnaires (sécularisation des biens du clergé, suppression des congrégations monastiques, …), une assez large majorité de religieux resta sur place. En 1791, le trésor de l’Abbaye sera même enrichi par l’apport de divers objets précieux (reliques, reliquaires, …) en provenance du collège de la Sainte Chapelle. Néanmoins, à la suite d’un décret du 14 août 1792, plusieurs tombes en cuivre et en bronze sont enlevées afin d’être transformées en canons ou en boulets et le 14 octobre 1793, la basilique est fermée. Dans la foulée, plusieurs tombes royales sont exhumées et de nombreux objets du trésor de l’abbaye sont emmenés au cabinet des antiquités de la Bibliothèque Nationale. D’autres pièces, moins chanceuses, sont fondues à l’hôtel de la monnaie.
Du XIXème siècle à nos jours
Durant la période napoléonienne, l’abbaye est restauré sous la direction des architectes Jacques-Guillaume Legrand, Jacques Cellerier et François Debret. La restauration de la monarchie permettra de continuer les travaux mais dans un style très différent. Ainsi, les insignes impériaux sont retirés et le style architectural est modernisé. Enfin, à partir de 1845, c’est un autre architecte célèbre qui va se charger des travaux : Viollet-le-Duc. Il déposera notamment la flèche nord qui avait été touchée par la foudre en 1836.
La fin du XIXème siècle et le début du XXème sont marqués par la rivalité entre l’administration des Beaux-Arts et celle des cultes. Finalement, la séparation de l’Eglise et de l’Etat en 1905 engendrera la suprématie des Beaux-Arts. Plus d’un demi-siècle plus tard, en 1966, le territoire de Seine-Saint-Denis devient un diocèse et l’évêque fait de la basilique de Saint-Denis sa cathédrale.
Si cet article vous a donné envie de découvrir ce merveilleux monument, n’hésitez pas à visiter le site de la basilique pour préparer votre visite :
http://www.saint-denis-basilique.fr/Preparer-sa-visite
Que visiter d’autres en Seine-Saint-Denis :
Si vous avez le temps, voici quelques autres idées de visites historiques dans le département :
– À Saint-Denis, tout près de la basilique, vous trouverez l’ancien carmel devenu aujourd’hui musée d’art et d’histoire
– Pour les passionnés du ciel, le Bourget vous accueillera au musée de l’air et de l’espace (gratuit pour les expositions permanente, certaines animations où services sont payants)
– Le mémorial de la Shoah à Drancy (situé sur le site de l’ancien camp d’internement) – Une navette vous y emmène depuis Paris tous les dimanches