La citadelle de Québec : un lieu symbolique dans l’histoire du Canada

Citadelle de Québec

Située au sommet du Cap Diamant, la Citadelle de Québec fait partie des fortifications de la ville de Québec. Bien que l’importance stratégique de cet emplacement ait été reconnu par les français dès 1608, il faudra attendre le XIXème siècle pour voir l’édification d’une véritable forteresse à Québec. Voici l’histoire de cette citadelle située dans le quartier historique du Vieux-Québec.

Les premières fortifications françaises de Québec

Afin de protéger la colonie naissante de Québec, des travaux de fortification sont réalisés en 1608 sous la direction de Samuel de Champlain, fondateur de la ville. Dans les années qui suivent, la menace d’une attaque anglaise pousse le comte de Frontenac, gouverneur de la Nouvelle-France*, à ordonner la construction d’une enceinte temporaire en 1690. Ces fortifications seront renforcées trois ans plus tard suite à l’attaque menée en 1690 par l’amiral Phips. 

D’autres travaux sont menés entre 1700 et 1720, mais le dispositif défensif de la ville manque de cohérence, la priorité étant donnée à la défense de Montréal et de Louisbourg. Lorsque cette dernière est prise par les anglais en 1745, le gouverneur français panique et autorise l’édification d’une vraie enceinte pour protéger la ville d’une invasion britannique. De véritables remparts renforcés par des bastions et des tours de guet sont alors construits et des batteries d’artillerie sont placées le long des remparts et sur les collines avoisinantes afin de protéger la ville des attaques maritimes. Malgré ces efforts, la ville de Québec tombe entre les mains des Britanniques en 1759 et la perte de la ville et de la majorité des territoires français d’Amérique du Nord est entérinée par le traité de Paris** signé en 1763 qui met fin à la guerre de Sept Ans.

* nom des territoires coloniaux français sur le continent américain

** la France perdit l’île Royale, l’Isle Saint-Jean, le Nord de l’Acadie, le Québec, le bassin des Grands Lacs et tous ses territoires situés à l’est du Mississippi. Elle récupère néanmoins les îles sucrières des Antilles ainsi que Saint-Pierre-et-Miquelon (dont l’expérience maritime de ses pêcheurs était vitale pour la flotte royale)

La menace américaine

Lorsque le général James Murray devient lieutenant-gouverneur du Québec, il préconise la construction d’une citadelle afin de défendre plus efficacement la ville, mais le gouvernement britannique ne donne pas suite à sa requête. Cependant, lorsqu’éclate la guerre d’indépendance américaine, les insurgés s’emparent de Montréal durant l’automne 1775 et tentent de s’emparer de Québec le 31 décembre de la même année. Ils sont toutefois repoussés par les anglais, ce qui n’empêche pas les américains d’acquérir leur indépendance en 1783. 

Néanmoins, quelques années plus tard, des tensions réapparaissent entre l’Angleterre et son ancienne colonie. Cette situation pousse les anglais à renforcer leurs défenses et en 1812, alors qu’une nouvelle guerre éclate face aux américains, la ville de Québec est protégé par des remparts qui entourent désormais la falaise de la Haute-Ville. De plus, quatre tours Martello* (toujours debouts aujourd’hui) ont été construites sur les plaines d’Abraham et sont venues renforcer les fortifications. En revanche, pour des raisons budgétaires, l’idée de construire une forteresse avait de nouveau été rejetée. Suite à ce conflit, le gouverneur britannique coordonne l’amélioration des défenses du Canada et fait édifier un fort stellaire entre 1820 et 1850. Le tracé de cette citadelle qui s’inspire d’un ancien projet de Vauban intègre une section de l’enceinte française de 1745 et comprend un dépôt d’armes, de munitions et de fournitures, en plus d’une caserne. L’objectif de cette forteresse est alors de défendre la ville de Québec mais aussi de servir de refuge à la garnison britannique en cas d’attaque américaine ou de rébellion. 

* Il s’agît de petites forteresses défensives britanniques du tournant du xixe siècle 

Passage de témoin

En 1867, les possessions britanniques d’Amérique du Nord sont regroupées au sein d’un nouvel ensemble. C’est la naissance du Canada qui devient une confédération autonome et prend en charge sa propre défense. Ainsi, lorsque les britanniques quittent la Citadelle en 1871, deux batteries de l’Artillerie royale canadienne s’y installent. Dans la foulée, deux écoles vont également être créées : une d’artillerie et une autre de cavalerie. De plus, renouant avec une ancienne tradition de l’époque française, la citadelle va abriter à partir de 1872 une résidence vice-royale alors qu’en parallèle, les conditions de vie des soldats du fort s’améliorent progressivement. 

Durant la première partie du XXème siècle, le rôle militaire de la citadelle est limité même si elle accueille en 1920 une nouvelle unité : le 22ème régiment royal des forces canadiennes. En 1943/1944, alors que la Seconde Guerre Mondiale fait rage en Asie et en Europe, des conférences se déroulent dans la citadelle afin de discuter de la stratégie des pays anglo-saxons* pour mettre fin au conflits. Plus récemment, la Citadelle est désignée lieu historique national du Canada en 1980 et, cinq ans plus tard, c’est tout le Vieux-Québec (dont fait partie la Citadelle) qui est inscrit sur la liste des sites du patrimoine mondial de l’UNESCO. Aujourd’hui, l’ancienne forteresse sert toujours de base militaire pour l’armée canadienne et de résidence officielle pour le gouverneur général du Canada**. Elle est cependant ouverte au public et attire environ 200 000 visiteurs chaque année qui peuvent assister à la relève de la garde (cérémonie minimaliste) et apercevoir Batisse, le bouc servant de mascotte au régiment***.

* Seront présent à Québec : le premier ministre canadien William Lyon Mackenzie King, le premier ministre britannique Winston Churchill et le président américain Franklin D. Roosevelt

** le gouverneur général représente le roi du Canada (qui est aussi roi d’Angleterre). Il y réside plusieurs semaines durant l’été mais habite la plupart du temps à Ottawa

*** la première mascotte du régiment avait été offerte durant le règne de la reine Victoria au XIXème siècle. Cette tradition a été remise à l’honneur en 1955 par la reine Elisabeth II

Vous connaissez désormais l’histoire de la citadelle de Québec dont l’utilité militaire aura été limitée en raison de sa construction tardive mais qui demeure un symbole important de l’histoire canadienne. Si vous souhaitez visiter ce lieu, vous trouverez de plus amples informations sur le lien ci-dessous et si l’article vous a plu, n’hésitez pas à réagir et à le partager sur les réseaux.

https://www.lacitadelle.qc.ca/fr/