La Piscine de Roubaix, c’est peut-être l’un des plus beaux musées de France, et assurément l’un des plus originaux. Cependant, au-delà de son esthétique, ce bâtiment du début du XXème siècle possède une histoire tout à fait particulière. Retour sur l’histoire de ce lieu atypique.
Un équipement sportif, mais pas seulement
Au début du XXème siècle, Roubaix est la capitale française du textile. Cette industrie, qui avait fait son apparition dans la ville dès le XVIIIème siècle, est à la base de la prospérité de la ville nordiste qui est alors surnommée “la ville aux mille cheminées”. Cet essor économique permet à la ville de se doter de nouvelles infrastructures afin d’améliorer le quotidien des habitants de l’agglomération.
Ainsi, à la demande de Jean-Baptiste Lebas, maire de la ville, un nouvel équipement est construit entre 1927 et 1932 : la Piscine de Roubaix (aussi appelé Piscine des Champs car on y accédait par la rue des Champs). Le bâtiment est construit dans un style résolument Art Déco par l’architecte Albert Baert et répond à un triple objectif :
- Permettre aux ouvriers et à leurs familles de venir se détendre
- Favoriser la mixité sociale
- Sensibiliser la population à l’importance de l’hygiène pour des raisons de santé publique grâce à l’installation de salles de bain
C’est alors la seule piscine olympique dans la zone – Lille devra attendre les années 1950 pour avoir un bassin de cette taille – et les équipements vont bien au-delà d’une simple piscine. En effet, en plus des salles de bain déjà évoquées, l’établissement comprenait également des bains médicaux, des salons de coiffure et de manucure et un magnifique décor mis en valeur par la lumière offerte par deux grandes verrières.
Néanmoins, malgré son succès, le bâtiment souffre d’une certaine fragilité, notamment au niveau de sa voûte, ce qui contraint le maire André Diligent à fermer l’établissement. Néanmoins, en raison de l’attachement des roubaisiens, la destruction de la Piscine, un temps évoquée, est écartée. Plusieurs idées sont alors sur la table allant de résidences universitaires à des boîtes de nuit, mais finalement, c’est un autre projet qui va emporter l’adhésion.
Une deuxième vie inattendue
Alors que la Piscine ferme ses portes, un autre sujet agite l’équipe municipale : les musées. En effet, depuis le début du siècle, Roubaix a vu ses différents musées fermer un par un, le dernier en date étant le musée municipal fermé en 1981. Un lieu est alors recherché pour réunir de manière pérenne les différentes collections de la ville et plusieurs lieux sont alors envisagés. Sous l’impulsion notamment de Bruno Gaudichon, actuel conservateur du musée, c’est la Piscine qui est choisie pour accueillir le musée.
Un appel à projets est alors lancé en 1993 et les travaux sont confiés à l’architecte Jean-Paul Philippon qui avait contribué à la transformation de la gare d’Orsay en musée. La rénovation commencera en janvier 1998 et s’achèvera en octobre 2001 pour un coût total de 19,5M d’euros. Le succès de ce nouveau musée inauguré le 20 octobre 2001 est immédiat puisque dès sa première année complète (2002), la Piscine accueillera près de 200 000 visiteurs.
Grâce aux multiples dons et acquisitions, les collections s’enrichissent au fur et à mesure des années et un agrandissement du musée est alors nécessaire pour présenter ces nouvelles œuvres. Un concours est lancé en 2011, et une fois de plus, c’est Jean-Paul Philippon qui remporte le projet. De 2016 à 2018, la Piscine connaîtra 18 mois de travaux supplémentaires (dont 6 mois avec fermeture du musée). Lorsque le la Piscine rouvrira en octobre 2018, le musée compte 2000 m² supplémentaires avec notamment de nouveaux espaces pour les expositions temporaires, la sculpture et la présentation de l’histoire de Roubaix.
Vous connaissez maintenant l’histoire de ce très beau musée, héritage de l’ancienne prospérité du Nord de la France, qui accueille régulièrement de belles expositions temporaires. J’espère donc que cet article vous aura donné envie de le visiter (site officiel pour plus d’information : https://www.roubaix-lapiscine.com/). En attendant, n’hésitez pas à réagir à l’article et à le partager sur les réseaux.