La place Stanislas : l’héritage d’un roi de Pologne à la Lorraine

Place Stanislas

Ville d’art et d’Histoire, Nancy possède également un magnifique patrimoine urbain composé de très beaux bâtiments et de monuments. En point d’orgue, on retrouve notamment son lieu le plus connu : la place Stanislas.

Un peu de contexte

Lors des conflits opposant le royaume de France aux Habsbourg, la Lorraine fut occupée plusieurs fois sous les règnes de Louis XIII puis de Louis XIV. Néanmoins, une fois la paix signée, la France avait à chaque fois rendu le duché à la maison de Lorraine. Pourtant, la situation se tend lorsque François III, duc de Lorraine, est nommé vice-roi de Hongrie. Pour ne rien arranger, son mariage avec Marie-Thérèse, fille de Charles VI (l’empereur du Saint-Empire), fait de François un futur candidat sérieux à la couronne impériale.

Cependant, pour la France, il est hors de question de voir la Lorraine tomber dans le giron impérial. Un accord est alors trouvé entre Charles VI et le cardinal de Fleury, ministre de Louis XV. En effet, le roi de France est marié à la fille de Stanislas Leszczynski, roi de Pologne déchu. Il est donc décidé que Stanislas deviendra duc de Bar et de Lorraine, territoires qui reviendront à la France après sa mort. En compensation, François III recevra en compensation le grand-duché de Toscane. Tenu à l’écart de toutes ces décisions et attachés à la maison de Lorraine, les lorrains accueillirent froidement leur nouveau duc qui saura toutefois se faire apprécier de ses nouveaux sujets.

Régner n’est pas gouverner

L’accord passé avec le roi de France prévoyait que Stanislas devienne duc. En revanche, le roi de France imposera à beau-père que le gouvernement de son territoire soit assuré par des administrateurs français et en accord avec les règles venus de Versailles. N’ayant pas (ou peu) d’ambition politique et n’ayant de toute façon pas d’autre choix, Stanislas prendra acte de cette mainmise française et se consacrera à divers projets architecturaux, culturels et philanthropiques.

Ainsi, le nouveau duc de Lorraine va entamer de grands travaux afin d’embellir sa capitale. À l’époque, Nancy est une ville coupée en deux. D’un côté, la Vieille Ville qui s’étend autour du palais ducal, et de l’autre la Ville Neuve qui se trouve au sud des fortifications construites au XVIème siècle. Afin de convaincre le maréchal de Belle-Isle (lieutenant-général des duchés de Lorraine et du Bar) du bienfondé de la construction d’une grande place reliant les parties de la ville, Stanislas va présenter son projet comme un hommage au roi de France : « Les désirs […] de laisser quelques souvenirs après moi dans le pays où la providence m’a placé et en même temps un monument de ma tendresse pour le roi, m’a fait concevoir une idée […] : c’est une place de Nancy ou j’érige une statue du roi ».

Le maréchal, comme le comte d’Argenson (secrétaire d’Etat à la guerre) seront malgré tout hostiles au projet, considérant que Nancy devait conserver ses remparts. Cependant, les concessions qu’acceptera Stanislas et l’accord de Versailles permettront au duc de lancer les travaux.

* (l’union de la ville avait déjà été tenté par le duc Léopold au début du XVIIIème siècle, mais le roi de France lui avait interdit de détruire les fortifications de la ville vieille)

De la construction à nos jours

Le projet de Stanislas ne se limite pas à une place. En effet, l’objectif est de construire deux places (l’actuelle place Stanislas et la place d’Alliance) et d’en réaménager une troisième (la place de la Carrière). Pour cela, le duc fera appel à son premier architecte, Emmanuel Héré et les travaux, entamés le 18 mars 1852 ne dureront que trois ans et demi. En effet, Stanislas disposant de ressources limitées, le chantier ne pouvait pas durer trop longtemps. Ainsi, le 26 novembre 1755, la place principale est inaugurée sous le nom de Place Royale.

En 1792, les autorités révolutionnaires la renommeront place du Peuple et la statue de Louis XV sera fondue et enterrée. Sous l’Empire, elle deviendra la place Napoléon et il faudra attendre la Restauration de 1814 pour qu’elle retrouve son nom original. Ce n’est qu’en 1831 que la place prendra le nom de Stanislas en l’honneur de la statue de l’ancien duc réalisée par Georges Jacquot et qui sera placé au centre de la place.

Le 12 juillet 1886, l’Hôtel de ville, les grilles et les fontaines de la place seront classés aux Monuments Historiques. En 1923, ce sera le tour des pavillons de l’Opéra, du musée des Beaux-Arts et de l’arc de triomphe. Enfin, en 1928/29, ce sont les façades des pavillons Jacquet et Alliot. Il faudra toutefois attendre 2003 pour que la place Stanislas soit entièrement classée, en même temps que la place de la Carrière. Entre temps, en 1983, l’ensemble des places (Carrière, Stanislas et de l’Alliance) avaient été classé au patrimoine mondial de l’UNESCO.

Néanmoins, afin de réhabiliter ce patrimoine abimé par le temps, la place sera fermée en juillet 2004 pour d’importants travaux de rénovation et de piétonnisation. Le 19 mai 2005, la nouvelle place est finalement inaugurée en présence du président français Jacques Chirac, du chancelier allemand Gerhard Schröder et du président polonais Aleksander Kwaśniewski.

Si cet article vous a donné envie de découvrir cette magnifique place, n’hésitez pas à visiter le site suivant pour préparer votre visite :

https://www.nancy-tourisme.fr

Que visiter d’autres à Nancy :

Si vous avez le temps, voici quelques autres idées de visites historiques :

– La villa Majorelle pour les inconditionnels d’Art Nouveau

– Les places de la Carrière et de l’Alliance qui méritent d’être vues

– Le musée des Beaux-arts et ses collections riches et variées

– Le musée de l’école de Nancy, encore pour les amateurs d’Art Nouveau

– Le palais des ducs de Lorraine, mais pas avant 2023 (actuellement en travaux)