La porcelaine de Limoges : l’or blanc du Limousin

porcelaine limoges

Quand on pense à Limoges, la porcelaine est la première chose qui vient à l’esprit. En effet, elle est reconnue dans le monde entier comme l’une des plus fines au monde et est d’ailleurs inscrite depuis 2008 à l’Inventaire du patrimoine culturel immatériel en France . Voici son histoire :

La Chine perd son monopole

Les premières porcelaines sont chinoises et datent de plus de 2000 ans, mais au début du XVIIème siècle, la Chine est déchirée par d’incessantes guerres et rivalités internes. Ces troubles internes permettent aux européens de s’imposer dans le commerce très lucratif de la porcelaine. C’est notamment le cas des néerlandais par le biais de la Verenigde Oost-Indische Compagnie (ou Compagnie Orientale des Provinces-Unies). 

En Europe cependant, les faïenceries résistent difficilement à la concurrence des porcelaines chinoises mais aussi japonaises. En effet, les manufactures européennes ne connaissent pas la technique nécessaire à la fabrication de la porcelaine, mais surtout, personne n’a encore découvert de kaolin en Europe. Les faïenceries tentent alors de rivaliser en copiant la décoration des pièces venant d’Asie mais au début du XVIIIème siècle, du kaolin est découvert à Aue en Allemagne sur le territoire du prince-électeur de Saxe, Frédéric-Auguste Ier. Quelques années plus tard, un premier atelier de porcelaine est installé dans une ancienne forteresse de Meissen sous la direction de Johann Friedrich Böttger. La technique utilisée par ce-dernier sera rapidement reprise en Prusse et en Autriche.

L’essor de la porcelaine en France

En 1768, intrigué par la terre blanche utilisée par sa femme pour faire sa lessive, le chirurgien Jean-Baptiste Darnet découvre un gisement de kaolin à proximité de la petite ville de Saint-Yrieix-la-Perche, située à une trentaine de kilomètres de Limoges. Il évoquera sa découverte à l’un de ses amis, l’apothicaire Marc-Hilaire Vilaris, qui tentera de s’approprier la découverte. En 1769, Louis XV achète la carrière afin de contrôler ce gisement qui va permettre d’approvisionner la Manufacture royale des Porcelaines de France basée à Sèvres*.

Dans les années qui suivront, plusieurs riches propriétaires de la région tireront profit de la découverte de kaolin sur leurs terres. Néanmoins, c’est sous l’impulsion de l’intendant Turgot que la première manufacture de porcelaine de Limoges va voir le jour. Turgot, économiste de talent réussira à convaincre Joseph Massié et Gabriel Grellet de se lancer dans l’aventure. Une fois la production lacée, Turgot parviendra même à obtenir le droit d’exporter les pièces produites à l’étranger.

L’Âge d’or des manufactures de Limoges

La période de la Révolution va cependant être très difficile pour l’industrie de la porcelaine mais la qualité du kaolin de la région et la qualité de la production va permettre à Limoges de s’imposer comme une référence de la porcelaine au XIXème siècle, et ce, malgré une situation politique particulièrement mouvementée en France.

Ainsi, durant la période du Premier Empire et sous l’impulsion d’industriels comme François Alluaud et Etienne Baignol, la porcelaine de Limoges est en plein essor e. Avec la Restauration, deux autres grands porcelainiers vont les rejoindre : Pierre Tharaud et Jean-Baptiste Ruaud. Ce-dernier sera le premier à utiliser des machines à vapeur pour faire tourner les tours et calibrer les assiettes.

Le Second Empire verra, de son côté, la gloire des frères Pouyat qui oseront lancer une porcelaine entièrement blanche qui mettra en valeur la porcelaine lumineuse, dure et fine. Afin de présenter des motifs toujours plus précis, ils feront à des bronziers et orfèvres parisiens, comme le célèbre sculpteur Comolera. Enfin, durant la Troisième République, la porcelaine de Limoges sera influencé par les styles impressionnistes puis Art nouveau. En revanche, malgré quelques modèles au formes anguleuses, l’Art déco n’aura pas le même impact sur la porcelaine limougeaude.

* Avant la découverte du kaolin, la Manufacture de Sèvres fabriquait de la porcelaine tendre (donc sans kaolin et plus fragile), désormais elle peut fabriquer de la porcelaine dure

De l’après-guerre à nos jours

Si les deux conflits mondiaux portent un coup dur aux manufactures, ces-dernières vont se moderniser de manière impressionnante pendant la deuxième partie du XXème siècle. Si les progrès techniques permettent de créer de nouvelles formes, les industriels vont également faire appel à différents créateurs comme par exemple l’entreprise Raynaud qui fera appel au designer français Raymond Loewy pour la création d’un service compact pour le service à bord du Concorde.

Malgré un certains déclin entamé au début des années 1980, la production de porcelaine fait encore vivre aujourd’hui plus de mille salariés à Limoges et aux alentours. Certaines maisons prestigieuses sont d’ailleurs toujours en activité et exportent une grande partie de leur production, notamment vers les Etats-Unis. Au-delà de ces manufactures bien établies, une nouvelle vague génération tente de renouveler et de (re)développer la porcelaine. Certains se sont d’ailleurs regroupés au sein d’un collectif appelé « Esprit Porcelaine Créateurs ».

Si cet article vous a donné envie de découvrir cette très jolie ville, n’hésitez pas à visiter le site de l’office du tourisme pour préparer votre visite :

https://www.limoges-tourisme.com/La-destination/Cote-ville/Visiter-Limoges

Que visiter à Limoges (en rapport avec la porcelaine) :

– Le musée national Adrien Dubouché créé en 1845 et qui possède la plus riche collection de porcelaine au monde

– La fondation Bernardaud (ancienne manufacture du même nom)

– Le musée du Four-des-Casseaux, l’un des fours les mieux préservés

– Le boulevard Louis-Blanc, surnommé le boulevard de la Porcelaine en raison de la présence de nombreux magasins de porcelaine

– Le conservatoire des arts et techniques de la porcelaine, un lieu entre musée et magasin