Après deux articles consacrés au quotidien des habitants et la destruction de Pompéi, voici enfin le troisième et dernier article consacré aux fouilles archéologiques et aux découvertes effectuées sur le site de l’antique cité.
La (re)découverte de la cité
Après l’éruption, les vols et pillages des riches villas se multiplieront (or, statues, colonnes, …) mais la petite cité tombera bien vite dans l’oubli. Plusieurs centaines d’années plus tard, on ne sait plus exactement où se situait Pompéi. C’est finalement au XVIIIème siècle, quelques années après une nouvelle éruption du Vésuve (qui a connu une trentaine d’éruption depuis 79) que la ville va enfin être redécouverte. Si des fouilles ont bien eut lieu sous le règne de Charles III (roi d’Espagne et des Deux-Siciles), c’est en 1748, sous la direction de l’abbé Martorelli que commence réellement les fouilles de Pompéi.
Les gens de l’époque se passionnent alors pour l’antiquité et le site est prisé par les artistes et le public qui se fait alors une vision idéalisée des derniers jours de Pompéi. De 1770 à 1815, les fouilles vont s’accélérer, malgré l’occupation française. En effet, le général Championnet, Joseph Bonaparte puis Joachim Murat, respectivement général et rois de Naples, feront mener divers travaux afin de mieux connaître la ville disparue. Suite au retour des Bourbons en 1815, les travaux vont ralentir quelque peu, mais en 1860, un nouvel inspecteur des fouilles va être nommé : Giuseppe Fiorelli. Ce numismate de 37 ans a déjà occupé cette fonction quelques années plus tôt mais, accusé d’avoir des opinions trop libérales, il avait été emprisonné.
Lors des quinze années qu’il aura passé à Pompéi, Fiorelli a eu un impact déterminant sur la manière de mener les fouilles. Ainsi, son idée la plus célèbre est celle des moulages de plâtre où afin de conserver la forme des corps, il inséra du plâtre dans les cavités vides laissées par les corps disparus, la roche s’étant solidifié autour du corps. Il dressa également un plan probable des rues et divisa la ville en régions et îlots tout en affectant à chaque maison un numéro d’identification. De plus, afin de prévenir l’effondrement des maisons, le dégagement des maisons commença à se faire par le toit. Enfin, Fiorelli décida de ne plus détacher les peintures et les fresques des murs mais de les laisser en place. Ces travaux impressionnèrent tellement Victor-Emmanuel II que le roi d’Italie donnera 30 00 lires supplémentaires pour financer les travaux. Durant les années suivantes, ses successeurs poursuivront son œuvre. On peut notamment citer :
– Michele Ruggiero et Giulio de Petra pour leurs travaux de restauration
– Vittorio Spinazzola pour ses fouilles de la rue de l’Abondance
– Amedeo Maiuri pour la découverte de la Villa des Mystères.
Pompéi aujourd’hui
La destruction de la ville fut un drame humain terrifiant, mais cette cité figée dans le temps est aujourd’hui une mine d’or pour les historiens. Les multiples découvertes réalisées dans les ruines ont permis de mieux connaitre la vie quotidienne des habitants d’une cité romaine et ce n’est pas fini car près d’un tiers de la ville est toujours enfoui et reste à découvrir. Il a toutefois fallu attendre 1997 pour que le site de Pompéi soit inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO.
D’un autre côté, le site accueille aussi près de 3,5M de visiteurs chaque année (2020 sera certainement une exception suite aux circonstances). Deuxième site le plus visité d’Italie derrière le Colisée, Pompéi attire des touristes du monde entier. Néanmoins, si cet afflux de visiteurs représente une manne financière non négligeable, les dégâts causés par ce tourisme de masse (et par la météo) sont inquiétants. Ainsi, le 6 novembre 2010, suite à de fortes pluies, la maison des Gladiateurs s’effondre. L’état de délabrement du site poussera l’Union Européenne à allouer 105 millions d’euros à la protection du site via le FEDER (Fonds européen de développement régional). Ce financement a permis à l’Italie de lancer le Grand Projet Pompéi en 2014. Grâce à ce projet de nombreux travaux ont pu être réalisé et le dispositif de télésurveillance a été renforcé. 50 autres millions ont été rajouté par la suite afin d’aider Massimo Osanna (actuel directeur des fouilles) et ses équipes composées d’archéologues, de restaurateurs, d’architectes, d’ingénieurs, de géologues, de vulcanologues et de paléo-botanistes
L’impact sur la volcanologie
L’observatoire du Vésuve est le premier observatoire volcanologique au monde. Il a été créé en 1841 à 600 mètres d’altitude sous le règne de Ferdinand II, roi des Deux-Siciles. Aujourd’hui, l’observatoire moderne surveille en continu le Vésuve dont la dernière éruption connue remonte à 1944 (une éruption heureusement bien plus modeste qu’en 79). Les archéologues s’accordent d’ailleurs à dire qu’une éruption surviendra de nouveau même s’il est impossible de prédire quand cela arrivera. Si par malheur des signaux d’alerte venaient à se manifester, il faudra alors prendre la décision d’évacuer une zone qui accueille près de 750 000 habitants (dans la zone considérée comme dangereuse) et des milliers de touristes.
Si cet article vous a donné envie de découvrir les ruines de cette cité disparue, n’hésitez pas à visiter le site suivant pour préparer votre visite :
http://pompeiisites.org/en/info/?l=fr
Que visiter d’autres autour de Pompéi :
Si vous avez le temps, voici quelques autres idées de visites historiques autour de l’ancienne cité antique :
– Herculanum : l’une des autres villes détruite avec Pompéi par l’éruption de 79 est un incontournable. Bien que détruite en même temps, le volcan n’a pas affecté Herculanum de la même manière
– La magnifique île de Capri où Tibère passa les dix dernières années de sa vie
– Le Vésuve pour une balade magique et l’observatoire cité un peu haut dans l’article (visite suspendu pour le moment pour cause de Covid)
– Le Palais de Caserte, plus grande résidence royale au monde
– et évidemment Naples, son musée archéologique, la rue Spaccanapoli bordée de palais et d’églises et évidemment les célèbres pizzas napolitaines..
Pour aller plus loin :
« Pompéi, la vie d’une cité romaine » : un livre passionnant de l’historienne et professeure d’université britannique Mary Beard.