Le château de Pierrefonds : joyau de l’architecture néogothique

château de Pierrefonds

Avec ses grandes tours rondes, ces créneaux et son donjon, ce château semble tout droit sorti du Moyen-Âge. Pourtant, l’aspect actuel de ce magnifique vaisseau de pierres blanches situé sur les hauteurs du village de Pierrefonds vient du XIXème siècle. Cela n’a toutefois pas empêché le cinéma (Peau d’âne ou Jeanne d’Arc) et certaines séries (Merlin) de s’en servir comme décor médiéval, preuve de la fascination qu’exerce ce château sur notre imaginaire. Voici son histoire : 

Les origines médiévales 

Un premier château existait déjà au XIIème siècle et fut rattaché au domaine royal sous le règne de Philippe Auguste. Il faisait alors partie du comté de Valois qui fut érigé en duché par Charles VI qui en fit don à son frère Louis, duc d’Orléans. Dans le cadre de sa rivalité avec le duc de Bourgogne, Louis fera alors édifier une demeure fortifiée à Pierrefonds afin de consolider son pouvoir sur la région et contrôler les échanges entre les Flandres et la Bourgogne*. 

Par la suite, le château sera pris et occupé par différents seigneurs durant les guerres de Cent Ans et de Religion. En 1617, cette histoire mouvementée poussa le roi Louis XIII à ordonner le démantèlement du château afin d’éviter que la forteresse puisse de refuge à ses ennemis. On fit alors sauter les tours, brûler les charpentes et détruire les toitures ce qui poussera le château dans l’oubli jusqu’au début du XIXème siècle et son rachat par Napoléon Ier. Dans les années qui suivent, les ruines du château font le bonheur des peintres et de touristes fortunés qui apprécient l’aspect de “ruine romantique” dégagé par le château.

* les Flandres appartiennent également au duc de Bourgogne 

Viollet-le-Duc et le triomphe du style néogothique 

Il faut dire qu’au XIXème siècle, le style néogothique, inspiré de l’architecture médiévale, fait fureur en Europe. La France, jusque-là plus sensible au style classique, va se laisser convaincre, et deux architectes vont particulièrement se distinguer : Jean-Baptiste-Antoine Lassus et Eugène Viollet-le-Duc. Ce dernier, né le 27 janvier 1814, va se passionner pour l’architecture du Moyen-Âge lors de son séjour italien de 1836 avant de voyager à travers la France en compagnie de l’inspecteur des monuments de l’époque, un certain Prosper Mérimée. C’est ainsi que le jeune homme sera chargé de la rénovation de la basilique de Vézelay en 1839 à l’âge de seulement 25 ans. Ce chantier prestigieux ne sera que le premier d’une longue liste comprenant entre autres la cité de Carcassonne, le Mont-Saint-Michel, Notre-Dame de Paris et les châteaux de Coucy et donc de Pierrefonds.

Sa vision rationaliste de l’architecture gothique va alors provoquer quelques remous dans le monde de l’architecture, y compris face à la vision de Prosper Mérimée qui souhaite des restaurations discrètes et fidèles à l’Histoire. Viollet-le-Duc au contraire, n’hésite pas à prendre des libertés avec la réalité en supprimant où en rajoutant des éléments en fonction de son inspiration. Il défendra ce point de vue en expliquant que “restaurer un édifice, ce n’est pas l’entretenir, le réparer ou le refaire, c’est le rétablir dans un état complet qui peut n’avoir jamais existé à un moment donné” et c’est exactement ce qu’il fera à Pierrefonds.

La restauration du château

Ainsi, en 1857, Napoléon III, qui a visité Pierrefonds en 1850 souhaite rénover le château pour le transformer en résidence impériale. Sur les conseils de Prosper Mérimée, c’est Viollet-le-Duc qui est choisi et les travaux sont lancés dès 1858. Fidèle à ses convictions, l’architecte ne souhaite pas reconstruire le château à l’identique mais plutôt en faire un témoignage de l’histoire et de l’architecture française du début du XVe siècle. 

L’idée est alors de faire de Pierrefonds un outil pédagogique en faisant, je cite, “connaître cet art à la fois civil et militaire qui, de Charles V à Louis XI, était supérieur à tout ce que l’on faisait alors en Europe”. Néanmoins, si l’apparence du château est médiévale, de nombreux éléments plus modernes sont ajoutés pour agrémenter la silhouette de l’ensemble (lucarnes, épis, poinçons, …) alors que l’usage du métal est généralisé dans les charpentes et les planchers. De plus, à l’extérieur, quelques dispositifs de défenses factices sont rajoutés sur la façade Sud alors qu’à l’intérieur, un système de chauffage appelé calorifère est installé afin de répartir de l’air chaud dans les salles.

La fin du Second Empire en 1870 n’empêche pas la continuation des travaux et même la mort de Viollet-le-Duc en 1879 n’arrête pas la reconstruction puisque c’est son gendre Maurice Ouradou qui prend la direction du chantier jusqu’en 1885. Récemment, et suite à une étude de 2019, de nouveaux travaux de restauration ont été entrepris en 2022 pour un budget de 7 millions d’euros et devraient s’achever début 2024. En attendant, le château reste ouvert aux visites, à l’exception de la Salle des Preuses.

Vous connaissez maintenant l’histoire de ce château faussement médiéval mais réellement magnifique. J’espère que cet article vous aura donné envie de la découvrir. En attendant, n’hésitez pas à réagir à l’article et à le partager sur les réseaux.