Avec environ treize mille habitants répartit sur 40km², Amboise n’est pas vraiment une mégalopole, c’est même plutôt le contraire. Avec ses petites rues, ses commerces et les promenades possibles le long de la Loire, Amboise pourrait n’être qu’une petite ville de province agréable, mais facilement oubliable. Mais évidemment, ce n’est pas le cas grâce aux trois grands châteaux qui se trouvent sur son territoire et qui ont fait sa renommée. Aujourd’hui, honneur au plus prestigieux d’entre eux : le Château Royal d’Amboise.
De château féodal à résidence de style Renaissance
Dès le IVème siècle après JC, une construction fortifiée existe à l’emplacement actuelle du château. Les fortifications renforcées tout au long du Moyen-Âge et sa situation géographique favorable (le château se trouve sur un éperon rocheux qui surplombe la Loire) font que la forteresse est convoitée par les comtes d’Anjou et de Blois. Néanmoins, en 1431, Louis d’Amboise, vicomte de Thouars, est condamné à mort. Accusé d’avoir comploté contre le favori du roi Charles VII, il échappe toutefois à la peine capitale, mais son château est confisqué et rentre dans le domaine royal.
Rapidement, le roi de France installe une garnison de francs-archers* dans le château qui verra la naissance en 1470 du futur Charles VIII. Ce-dernier, marié à Anne de Bretagne, va s’établir à Amboise et engagera d’importants travaux avant son départ en campagne pour les guerres d’Italie. Si ces constructions répondent au style gothique flamboyant, les décors intérieurs seront assurés par les artistes que le roi ramènera d’Italie. Néanmoins, si les rois suivants (Louis XII, François Ier et Henri II) poursuivront les travaux dans un style plus inspiré par la Renaissance italienne, c’est un évènement inattendu va marquer les années 1500 à Amboise.
Les guerres de religion s’invitent au château
En effet, durant le XVIème siècle, un vent de révolte souffle en Europe contre l’autorité papale. Ce mouvement appelé Réforme (ou Réforme protestante) est notamment mené Jean Calvin et Martin Luther. En France, François Ier s’en tient d’abord à une relative neutralité et se contente de faire reconnaître son autorité sur l’Eglise grâce au Concordat de Bologne en 1516. Toutefois, dans la nuit du 17 au 18 octobre 1534, des « placards* » critiquant l’Eglise de Rome sont collés un peu partout dans le Royaume, y compris sur la porte de la chambre du roi à Amboise. Cette attaque contre la religion catholique, qui sera surnommé « l’affaire des placards », ulcère le souverain qui prend cette déclaration comme un affront personnel. La répression est alors brutale et plus de deux cents personnes sont arrêtés et plusieurs dizaines seront exécutés. Ce sera notamment le cas d’Etienne Augereau qui sera accusé d’avoir imprimé les documents. Néanmoins, l’histoire d’Amboise et des guerres de religion n’est pas terminée.
* équivalent de nos réservistes actuels au sein des forces armées
** on dirait aujourd’hui des affiches
Ainsi, quelques années plus tard, en 1560, le roi de France s’appelle François II et n’a que 16 ans. Bien qu’il soit considéré en âge de gouverner, il décide toutefois de s’appuyer sur les oncles de sa femme, Marie Stuart, reine d’Ecosse. Les deux hommes, membre de la puissante famille de Guise, durcissent la politique répressive du Royaume à l’égard des protestants. Inquiets, ces-derniers projettent alors d’intervenir en s’introduisant au château d’Amboise pour éliminer les Guise. Néanmoins, le projet mené par Jean du Barry, seigneur de La Renaudie, tourne au fiasco. En effet, malgré le soutien de puissants seigneurs, dont le prince de Condé, les Guises sont au courant du complot et persuadent le roi que les conjurés veulent le tuer et le remplacer par Antoine de Bourbon. Sans surprise, la tentative des conjurés est un échec et la répression sera féroce. Près de 1200 conjurés sont accusés de lèse-majesté et exécutés, certains finissant pendus, pour l’exemple, au balcon du château d’Amboise.
Un destin chaotique
Lorsqu’Henri IV arrive au pouvoir, la cour de France quitte la Vallée de la Loire pour remonter en Ile-de-France. Le château d’Amboise est alors délaissé et Richelieu ordonnera la démolition des fortifications du château pour éviter qu’il soit utilisé par d’éventuels rebelles à l’autorité royale. Amboise servira même de prison et accueillera notamment en 1661 Nicolas Fouquet, ancien surintendant des finances, disgracié et emprisonné pour détournement de fonds et crime de lèse-majesté. Finalement laissé au duc de Choiseul en 1763 puis au duc de Penthièvre en 1786, le château est confisqué lors de la Révolution puis en en partie démoli par Pierre-Roger Ducos, vice-président du Sénat durant le règne de Napoléon Ier.
Suite à la Restauration en 1815, Amboise revient à l’héritière du duc de Penthièvre, Louise-Marie Adélaïde de Bourbon, duchesse d’Orléans. Néanmoins, lorsque que Louis-Philippe, dernier roi régnant en France, le château est mis sous séquestre par la nouvelle République. Amboise accueillera alors entre 1848 et 1852 un nouveau prisonnier prestigieux : l’émir Abd-el-Kader qui avait lutté contre l’invasion française en Algérie. En 1873, le château est restitué à la famille d’Orléans et en 1974, Amboise est cédé à la Fondation Saint-Louis qui en est encore propriétaire aujourd’hui.
Avis personnel :
- Si l’architecture extérieure et les jardins sont très beaux, l’intérieur du château est beaucoup plus simple. En revanche, les histopads distribués à l’entrée du château permettent de se faire une idée d’à quoi ressemblait le château dans le passé. Un jeu d’énigme est également proposé tout au long de la visite pour ceux qui sont intéressés
- Parmi les curiosités du jardin, il y a un arbre que vous ne pouvez pas rater : le grand cèdre du château royal d’Amboise qui a été planté en 1840, soit sous le règne de Louis-Philippe ! (un autre grand cèdre se trouve à quelques kilomètres dans la cour du musée des Beaux-Arts de Tours)
- Enfin, même si Léonard de Vinci est plus facilement lié au Clos-Lucé (situé à quelques centaines de mètres du château d’Amboise), difficile de ne pas évoquer la chapelle Saint-Hubert où repose la dépouille du génie italien.
Voilà, vous savez tout sur l’histoire du château royal d’Amboise. J’espère que cet article vous aura donné envie de le découvrir. En attendant, n’hésitez pas à réagir à l’article et à le partager sur les réseaux.