Le Collège de France : une institution atypique

Situé dans le quartier latin à quelques pas de la Sorbonne, le Collège de France est un lieu à part dans le monde de l’enseignement. En effet, alors que la recherche et l’enseignement sont étroitement liés au sein de l’établissement, ce-dernier propose des formations gratuites, non diplômantes et ouvertes à tous sans condition ni inscription. Une particularité qui est liée à sa longue histoire qui a commencé il y a un peu plus de cinq cents ans.

Une réaction face à la Sorbonne

Durant le règne de François Ier, l’Université de Paris règne en maitre sur l’enseignement grâce à ses quatre facultés : théologie, droit, médecine et arts. Cependant, la redécouverte des enseignements antiques, la pensée humaniste et la découverte de nouveaux territoires (notamment les Amériques) soulèvent un grand enthousiasme parmi les penseurs de la Renaissance. Néanmoins, face à ces évolutions, la Sorbonne reste figée sur ses positions et refuse d’intégrer de nouveaux sujets à son programme.

Cette situation va amener Guillaume Budé, libraire du roi (et admiré par Erasme), à proposer la création d’un nouvel établissement sur le modèle du Collège Trilingue de Louvain : ce sera le Collège royal créé en 1530. Dans un premier temps, quatre chaires* sont créées : deux pour le grec et deux pour l’hébreu. Au cours des siècles suivants, de nombreuses nouvelles matières y feront leur apparition telles que les mathématiques, la médecine, l’astronomie, etc…  

* Poste permanent d’enseignement et de recherche universitaire attribué à un enseignant, qui obtient alors le titre de professeur. L’origine du mot vient de la chaire ecclésiastique depuis laquelle les évêques prêchent. (définition de Wikipédia)

Le XIXème, un siècle de transformations

Alors que la Révolution française a entrainé de lourds bouleversements dans la société mais également la destruction de nombreux symboles royaux, l’établissement est relativement épargné. En effet, même si l’influence du Collège a quelque peu diminué depuis le règne d’Henri IV (malgré la construction d’un nouveau bâtiment sous le règne de Louis XV par Jean-François Chalgrin en 1772), le Collège conserve un grand prestige intellectuel. De plus, l’adhésion des professeurs aux idéaux de la République va permettre à l’établissement de fonctionner normalement durant cette période.

Par la suite, lorsque la période napoléonienne prend fin en 1815, l’établissement devient le siège de grands enjeux politiques et sociaux. L’historien Jules Michelet, élu en 1838 à la chaire d’Histoire, symbolise bien cette situation. Anticlérical, il dénonce l’influence et les principes des jésuites, y compris lors de sa leçon inaugurale qui se tiendra en présence du ministre de l’instruction de l’époque : Narcisse-Achille Salvandy. Son cours est finalement suspendu en 1848 par le président du Conseil, François Guizot mais rétabli par la deuxième République. Néanmoins, refusant de prêter serment à l’empereur, il est démis de ses fonctions durant les débuts du second Empire. Lorsque l’empire s’effondre en 1870, l’établissement est renommé Collège de France.

Du XXème siècle à nos jours

Après la Seconde Guerre Mondiale, certains des chercheurs les réputés dans le domaine des sciences humaines viennent au Collège. Afin de rester fidèle à l’histoire et à la culture de l’établissement, les nouveaux venus sont toujours cooptés par l’assemblée des professeurs et choisis en fonction de leur valeur scientifique et du caractère novateur de leurs théories et non de leurs diplômes. Cela explique par exemple la nomination en 1977 de Roland Barthes, inventeur de la Sémiologie mais dépourvu du moindre titre universitaire. En revanche, il faudra attendre 1973 pour voir la première femme élue, en l’occurrence Jacqueline de Romilly, normalienne et agrégée de philosophie. Quelques années plus tard, dans les années 1990, ce sont des chercheurs étrangers, tel que l’écrivain Umberto Eco, qui sont invités régulièrement.

Cette ouverture, bien que tardive, montre que le Collège reste fidèle à son esprit initial et à sa devise « Docet Omnia » (il enseigne tout). Cela permet au Collège d’être l’établissement de recherche le plus prestigieux de France avec en 2021 près de 21 Nobels et 9 médaillés Fields affiliés au Collège de France. En effet, au-delà des cours, l’établissement possède des laboratoires recherche et l’une des plus impressionnante bibliothèque d’Europe. Enfin, depuis juin 2009 et toujours dans l’esprit de partage du savoir, plus de 650 podcasts audio sont désormais disponible sur iTunes, y compris en anglais et en chinois pour certains d’entre eux.

Voilà, vous savez tout ou presque sur cette institution que je ne connaissais que de nom. Si vous souhaitez en savoir plus, n’hésitez pas à vous rendre sur le lien ci-dessous (à noter que les cours ont « malheureusement » lieu en journée) et si cet article vous a plu, n’hésitez pas à réagir et à le partager sur les réseaux.

https://www.college-de-france.fr/site/college/index.htm