Le Haut-Kœnigsbourg : le château du Kaiser

Haut-Kœnigsbourg

J’ai terminé il y a quelques jours la lecture du livre « les Aigles foudroyés » de Frédéric Mitterrand consacré à la chute des monarchies au début du XXème siècle. Dans ce livre, l’auteur évoque le château du Haut-Kœnigsbourg, sa construction et les polémiques qu’elle entraine. Ce passage m’a donné envie d’en savoir plus afin d’écrire cet article.

Une place forte médiévale

Situé à 757 m d’altitude, le château du Haut-Koenigsbourg est aujourd’hui situé sur le territoire de la commune d’Orschwiller. Ce château légendaire a été fondé au XIIème siècle par les Hohenstaufen, une riche dynastie germanique qui donnera plusieurs empereurs au Saint-Empire romain germanique, le plus connu étant Frédéric Ier dit Frédéric Barberousse (en raison de sa barbe… rousse). Néanmoins, les Hohenstaufen déclineront progressivement et dès le XIIIème siècle, ce sont les ducs de Lorraine qui s’empareront du château tout en laissant sa gestion à leurs alliés (les Rathsamhausen puis les Hohenstein).

Cependant, au cours du XVème siècle, le château deviendra un repaire de chevaliers brigands. Le Haut-Koenigsbourg dominant la route des vins, du blé et du sel, la Décapole (une union de dix villes libres d’Alsace) enverra une troupe afin de s’emparer du château et de le détruire. Les ruines sont alors rachetées par la nouvelle famille dominante de l’Empire : les Habsbourg. Ces-derniers laisseront la gestion du château à différentes familles qui reconstruiront et géreront le château (les Tierstein, les Sickingen et les Bollwiller) mais en 1618, suite à un différent entre les protestants de Bohême et l’empereur allemand, un conflit éclate : la  guerre de Trente Ans. Cette guerre longue et meurtrière aura un lourd impact sur le château puisqu’en 1633, ce-dernier est assiégé et pillé par les Suédois. Déjà en piteux état, un violent incendie achèvera d’en faire une ruine.

Une restauration très politique

Après deux siècles d’abandon et 28 ans après l’annexion de l’Alsace par l’Empire allemand, le château est offert en 1899 par la ville de Sélestat à l’empereur d’Allemagne Guillaume II. Ce-dernier veut alors en faire un symbole du retour de l’Alsace parmi les terres de l’Empire. Alors que les rapports franco-allemands sont déjà tendus, cette décision est vécu comme une provocation par les français.

Pour mener à bien le projet de rénovation, l’empereur fait appel à un jeune historien et architecte autodidacte allemand : Bodo Ebhardt. Après de nombreuses fouilles et recherches archéologiques, le jeune architecte mènera les travaux de 1900 à 1908 (une durée assez courte étant donné l’ampleur des travaux). Sa restauration sera sujette à plusieurs critiques plus ou moins justifiées, la principale polémique concernant le donjon carré, haut de 62 mètres et couronné par l’aigle allemand. De nombreux détracteurs prétendront qu’il était circulaire mais on sait aujourd’hui que les fondations de la tour prouvent que l’architecte avait raison.

D’une manière plus générale et grâce à ses importants travaux de recherche, la reconstitution du château sera assez fidèle à la réalité. En revanche et sur demande de Guillaume II, l’intérieur du château sera doté d’équipements de confort moderne (eau courante, mitigeur, armoire chauffante, …). Pourtant, après l’inauguration par le Kaiser en mai 1908, l’empereur ne passera pas une seule nuit dans ce château dont la reconstruction lui avait coûté des millions de marks. Finalement, dix ans plus tard, le IIème Reich s’effondre alors que la décoration intérieure du bâtiment n’est pas complètement achevé.

De l’après-guerre à nos jours

Suite à la signature du traité de Versailles en 1919, le Haut-Kœnigbourg devient un monument français géré jusqu’en 2012 par le Centre des monuments nationaux. Les ruines du château seront classées dès 1862 mais il faudra attendre 1993 pour que l’ensemble du monument soit classé monument historique. Le Haut-Kœnigbourg est aujourd’hui l’un des emblèmes les plus célèbres de l’Alsace et accueille chaque année plus de 500 000 visiteurs.

Au-delà du tourisme, le château a aussi été une inspiration pour de nombreux artistes. Il servira ainsi de décor au film de Jean Renoir, la Grande Illusion (avec Jean Gabin et Pierre Fresnay) mais sera également une source d’inspiration pour le cinéaste japonais Hayao Miyazaki qui s’en inspirera dans son film Le Château ambulant. John Howe, qui illustrera le roman Le Seigneur des Anneaux avant de travailler sur la trilogie du même nom, s’en inspirera également pour la cité fortifiée de Minas Tirith.

Si cet article vous a donné envie de découvrir ce merveilleux château, n’hésitez pas à visiter les sites suivants pour préparer votre visite :

https://www.haut-koenigsbourg.fr/fr/

https://www.visit.alsace/experiences/voyagez-dans-le-temps-au-chateau-du-haut-koenigsbourg/

Que visiter d’autres en Alsace :

Si vous avez le temps, voici quelques autres idées de visites historiques en Alsace :

– Strasbourg : incontournable avec sa cathédrale, la Maison Kammerzell (et ses peintures murales de Léon Schnug qui a aussi travaillé à la reconstitution du Haut-Kœnigsbourg), le Palais Rohan, …

– Colmar et sa petite Venise, sa collégiale Saint-Martin, …

– l’Écomusée d’Alsace pour une expérience originale dans un village-musée vivant

– la route des vins et ses multiples étapes,

– et évidemment les marchés de Noël si vous y allez en hiver.