Le mécénat (du XVIIème siècle à nos jours) (2/2)

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Dans la foulée de la Renaissance, les rois et papes vont rivaliser afin de mettre les arts au service de leur image. En France, si la Catherine de Médicis s’entoure de nombreux artistes, le règne de Louis XIV va voir l’Etat organiser les activités artistiques en fonction des goûts et intérêts du roi. Sous l’impulsion de Mazarin et de Colbert, le peintre Charles Le Brun est introduit auprès du roi et nommé à la tête d’une « Direction du goût ». Au-delà de cette volonté de contrôler le style artistique, plusieurs institutions sont créées. On peut notamment citer l’Opéra, l’Opéra-Comique, la Comédie Française, la Bibliothèque Royale (ancêtre de l’actuelle Bibliothèque Nationale) ou encore les Manufactures Royales.

Pourtant, le mécénat va évoluer au XVIIIème siècle avec l’émergence de grands mécènes privés qui privilégient parfois un art en rupture avec celui des cours officielles. En France cependant, la Révolution créée une situation nouvelle où les collections artistiques sont désormais reconnues d’intérêt public. D’un autre côté, le mécénat traditionnel des puissants dépérit suite à l’émigration massive des membres de l’aristocratie. Le rôle moteur et centralisateur de l’Etat au niveau culturel va se poursuivre sous l’Empire puis sous la Restauration. Cependant, durant le XIXème siècle, quelques riches hommes d’affaires vont jouer le rôle de mécènes. C’est notamment le cas du couple André-Jacquemart et Nissim Camondo. On est toutefois loin de la situation de nos voisins chez qui de grands mécènes voient le jour tel que les Thyssen en Allemagne, Carnegie au Royaume-Uni ou encore Ivan Morozov et Pavel Tretiakov en Russie.

Toutefois, cette période est marquée par une certaine défiance des artistes vis-à-vis des mécènes au nom d’une certaine liberté artistique. C’est notamment le cas de Gustave Courbet qui revendique son autonomie et dit mépriser les mécènes. Les marchands tel que Vollard ou Durand-Ruel qui vont miser sur certains artistes, faisant ainsi perdurer le mécénat sous une nouvelle forme. Dans un autre style, la construction de la Statue de la Liberté sera rendue possible grâce à une vaste campagne de lever de fonds en France comme aux Etats-Unis. Il faudra toutefois attendre l’émergence d’Internet pour que le crowdfunding se développe réellement à très grande échelle.

Alors que la première moitié du XXème siècle est marqué par les deux conflits mondiaux, il faudra attendre le début des années 1970 pour que le mécénat retrouve des couleurs en France grâce aux entreprises. Même si cela peut paraitre contre-intuitif, l’une des explications vient du rôle de l’Etat qui va mettre en place un cadre juridique et fiscal avantageux pour les mécènes : loi Balladur de 1987 puis loi Aillagon de 2003. Les différentes dispositions prévues par ces lois permettent aux particuliers de compenser la baisse des subventions publiques qui signe le déclin de l’Etat dans les affaires culturelles. Dans le même temps, les entreprises, jusqu’ici entièrement tournées vers les résultats financiers se découvrent des responsabilités dans des domaines tels que la culture ou la solidarité. La création d’institutions comme l’ADMICAL où l’Union des Annonceurs favoriseront encore un peu plus le mécénat d’entreprise à la française. Enfin, les filiales de groupes étrangers, notamment américains, habitués au mécénat sur leur territoire favorisera encore un peu plus cette tendance de fond.

Aujourd’hui en France, de nombreuses personnalités et entreprises sont engagés en soutien des activités artistiques. On peut citer les fondations de Rothschild, la Fondation Cartier pour l’art contemporain ou encore la fondation d’entreprise Louis Vuitton. Le lien entre ces grands noms du monde des affaires sera encore confirmé lors de l’incendie de la cathédrale Notre-Dame de Paris. Suite à cette catastrophe, les promesses de dons affluent et les grandes fortunes françaises et étrangères mettront la main à la poche pour financer la reconstruction de l’édifice. Une décision qui fera polémique dans l’opinion publique française en raison des montants collectés.

Il y aurait encore beaucoup à dire sur le mécénat et si vous souhaitez en savoir plus sur le mécénat aujourd’hui en France, n’hésitez pas à vous rendre sur le site de l’ADMICAL (Association pour le développement du mécénat industriel et commercial) qui vous donnera un aperçu détaillé de la situation actuelle : https://admical.org/

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