Le Mont Saint-Michel : abbaye millénaire et « Bastille des mers »

Mont Saint Michel

Aux origines du Mont

Durant l’antiquité, la butte où s’élève aujourd’hui le Mont-Saint-Michel était appelé le Mont Tombe et accueillait régulièrement des ermites qui s’étaient installés autour de la baie. Il faut néanmoins attendre 708 pour que Aubert, l’évêque d’Avranches, ordonne l’édification d’un sanctuaire dédié à l’archange Saint-Michel. En effet, selon la légende, l’archange lui serait apparu plusieurs fois en rêve et lui aurait ordonné de construire cet édifice.

Dans un premier temps, le Mont connut plusieurs décennies de tranquillité. En effet, le règne de Charlemagne apporta une paix et une prospérité bienvenue mais quelques années plus tard, l’arrivée des Vikings provoqua un vent de terreur sur la Normandie. Afin de pacifier la situation, le roi de France (Charles III le simple) accordera à l’un de leurs chefs, Rollon, la Normandie*. Cela pacifiera la région et permettra au Mont de retrouver une certaine quiétude.

En 966, le duc de Normandie confie la direction de l’abbaye a une communauté bénédictine de Saint-Wandrille. Durant les siècles suivants, le Mont va connaître un développement monumental et accompagner la montée en puissance du duché de Normandie (comme un symbole, l’abbaye apparaît d’ailleurs sur la tapisserie de Bayeux). Il faut dire que les ducs, protecteur de l’abbaye, imposèrent souvent leur candidat à la tête du Mont. La richesse accumulée donna l’occasion d’édifier une grande église au sommet et des cryptes furent construites à flancs de rocher.

* Contrairement à une idée répandue, Rollon ne sera pas duc mais portera le titre scandinave de Jarl, le premier duc serait son petit-fils Richard II.

Des conflits douloureux

Si l’abbaye fut endommagée durant le conflit franco-anglais du XIIIème siècle entre Philippe Auguste et Richard Cœur de Lion, c’est durant la guerre de Cent ans que le Mont va vivre ces plus dures années. En effet, alors que la Normandie est occupée par les Anglais durant le XVème siècle, le Mont est le seul territoire de l’ouest qui leur résistera malgré de nombreux assauts malgré la défection de son abbé, Robert Jolivet. On peut encore voir aujourd’hui les deux énormes bombardes anglaises (les Michelettes) récupérées par les assiégés qui sont installées à l’entrée du village du Mont.

Quelques années après la fin du conflit, Louis XI fera installer au Mont l’une de ses « fillettes », une cage de fer suspendue au plafond et dans laquelle un prisonnier était enfermé sans pouvoir y tenir debout. Dans l’histoire du Mont-Saint-Michel, ce ne sera pas la dernière fois que l’abbaye servira de prison au pouvoir royal. Néanmoins, durant les guerres de religion qui secouèrent le pays au XVIème siècle, l’abbaye fut surtout l’une des principales places fortes de la Ligue (les catholiques). Les Huguenots tentèrent plusieurs fois de s’en emparer par la ruse (comme lors de la tentative du capitaine Le Touchet en 1577) mais la place forte résista.

Durant les XVII et XVIIIème siècles, la vie monastique se dégrada peu à peu. En effet, l’abbaye était progressivement abandonnée par les moines alors que les abbés choisis par le roi se contentaient de percevoir les revenus du Mont sans pour autant y habiter. L’arrivée de moines bénédictins « Mauristes »* amena un léger sursaut à la vie monastique mais les bâtiments, mal entretenus, tombaient en ruine. De plus, dans le même temps, l’abbaye continuait d’accueillir dans des conditions détestables des prisonniers condamnées par lettre de cachet** ce qui donna ce surnom lugubre au Mont : « la Bastille des mers ».

* De la congrégation de Saint-Maur

** Lettre qui servait à transmettre un ordre particulier du roi (par exemple : une peine d’emprisonnement)

De la Révolution à nos jours

Comme beaucoup de monuments, le Mont va souffrir durant la période Révolutionnaire. Alors que la bibliothèque de l’abbaye est déposée à Avranches, ses derniers moines sont chassés et l’édifice continue d’exercer le rôle de prison. Dans un premier temps, il accueille à partir de 1793 les prêtres réfractaires, puis à partir de 1811, il servira de lieu de détention pour des détenus de droit commun. Il accueillera également tout au long du XIXème siècle quelques prisonniers politique tel qu’Armand Barbès et Auguste Blanqui, enfermés sous la monarchie de Juillet.

Cependant, sous le règne de Napoléon III, le mouvement romantique pousse de plus en plus de gens à s’intéresser au patrimoine médiéval et le Mont-Saint-Michel n’échappe pas à cette tendance. C’est l’une des raisons* qui poussera l’empereur à fermer définitivement la prison en 1863. Après la chute de l’Empire et durant les premières années de la IIIème République, le Mont-Saint-Michel renait de ses ruines et devient même monument historique en 1874. En parallèle, une petite communauté de moines vient y ramener une petite vie monastique. En 1877, les Ponts et Chaussées vont même construire une digue rattachant le Mont au continent. Cela perturbera les courants marins et en 2014, un pont passerelle est érigé afin de la remplacer, permettant ainsi aux marées de reprendre leur rôle naturel. Aujourd’hui, un système de navettes permet d’amener les touristes au pied de l’abbaye.

* En plus de la pression politique et de problèmes de ravitaillement du Mont

Si vous voulez plus de renseignements :

http://www.abbaye-mont-saint-michel.fr/

https://www.bienvenueaumontsaintmichel.com/fr/acceder-jusqu-au-mont/les-acces-navettes-passeur-jusqu-au-mont

Que visiter autour

  • Le scriptorial d’Avranches : qui comprend notamment près de 203 manuscrits enluminés du Moyen-Âge en provenance du Mont-Saint-Michel
  • Les plages du débarquement de 1944 et les cimetières accueillant les tombes des soldats
  • La cité corsaire de Saint-Malo
  • Fougères et son patrimoine médiéval

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