Le palais du Tau, le palais archiépiscopal de Reims

Palais du Tau Reims

Quand on pense aux grands monuments de Reims, le premier bâtiment qui vient en tête est sa cathédrale Notre-Dame. Pourtant, à quelques mètres, se trouve le palais archiépiscopal appelé palais du Tau en raison de son plan en forme de T (Tau est l’équivalent de la lettre T dans l’alphabet grec). C’est également un hommage à la forme initiale en T des crosses épiscopales.

Des origines antiques

Lors de fouilles réalisées dans le palais, des vestiges d’une villa gallo-romaine ont été découvert. C’est donc au-dessus de cette ancienne demeure que le palais du Tau fut construit sous la forme d’une maison fortifiée, accolée au flanc sud de la cathédrale du Sacre. À noter que si Clovis s’est fait baptiser à Reims autour de l’an 500 par l’évêque Rémi, il faudra attendre le couronnement d’Henri Ier en 1027 pour que Reims devienne définitivement le lieu du sacre des rois de France*. Durant ces cérémonies, le palais va alors aussi servir de résidence royale.

La maison forte, qui sert avant tout de résidence aux archevêques de Reims va progressivement s’agrandir au cours des siècle, notamment sous Ebbon, archevêque de Reims de 816 à 835, puis entre 840 et 841. Cependant, ce n’est qu’en 1138 que le nom de « Palais du Tau » est évoqué pour la première dans un document du roi de France, Louis VII. Un siècle plus tard environ, en 1210,  un incendie va toucher la cathédrale. Le palais est également endommagé et sera reconstruit par Jean d’Orbrais. Ce-dernier complètera l’édifice d’une chapelle palatine s’étendant sur deux niveaux.

* D’autres rois ont été sacré avant lui à Reims, mais ce n’était pas un choix définitif

Des remaniements à la Révolution

Après la guerre de Cent Ans, les archevêques Guillaume Briçonnet puis Robert de Lenoncourt vont lancer un important remaniement du palais dans un style gothique flamboyant. Il faudra ensuite attendre le  XVIIème siècle pour que de nouveaux travaux soient menés sous la direction de l’architecte Robert de Cotte. Cette fois, la transformation va donner au bâtiment son aspect actuel. Ses caractéristiques défensives vont disparaitre et l’esthétique gothique sera remplacée par un style classique.

Durant la Révolution, l’archevêque Alexandre Angélique de Talleyrand-Périgord* doit quitter le palais et s’exile en Allemagne. C’est Nicolas Diot, évêque constitutionnel qui le remplace. Néanmoins, malgré son serment à la Constitution, le palais va devoir occuper successivement plusieurs fonctions. Il sera ainsi transformé en tribunal puis en bourse de commerce, et la chapelle deviendra même une prison, le jardin servant de cours de promenade pour les détenus.

* l’oncle de Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord, futur ministre des affaires étrangères de Napoléon et Louis XVIII

De Restauration à nos jours

Lors de la Restauration et alors que le palais retrouve sa fonction au sein de l’archevêché, le palais est restauré dans le style néo-gothique par François Mazois afin de préparer le sacre de Charles X en 1825. Dans les années qui suivent, les travaux d’embellissement continuent sous l’archiépiscopat de  Thomas Gousset. Enfin, sous le règne de Napoléon III et sous la direction d’Eugène Viollet-le-Duc, l’aile Sud est réaménagé entre 1855 et 1865.

Suite à la loi de séparation des Eglises et de l’Etat en 1905, l’Etat en devient propriétaire. Deux ans plus tard, le palais est même classé aux monuments historiques. Durant la Première Guerre Mondiale, les bombardements allemands endommagent la cathédrale et le palais qui sont partiellement détruits par un incendie. La restauration de la cathédrale est confiée à Henri Deneux mais celle du palais ne sera achevée que dans les années 1960.

Alors que le palais avait servi de siège à l’Académie de Reims au XIXème siècle, le bâtiment accueillera également au début du XXème le musée d’ethnographie champenoise qui rassemblait divers objets représentatifs de l’artisanat local.  Il faudra toutefois attendre 1972 pour que le palais devienne définitivement un musée dédié aux sacres des rois de France et au trésor de la cathédrale. Enfin, en 1991, le palais et la cathédrale, sont classés au patrimoine mondial de l’UNESCO.

*une société savante fondée en 1841 et qui existe encore aujourd’hui

Si cet article vous a donné envie de découvrir ce très beau musée, n’hésitez pas à visiter le site suivant pour préparer votre visite :

http://www.palais-du-tau.fr/Preparer-sa-visite

Que visiter d’autres à Reims :

Si vous avez le temps, voici quelques autres idées de visites historiques :

– La cathédrale Notre-Dame de Reims, cathédrale du sacre des rois

– La basilique Saint-Rémi

– Les maisons de Champagne, évidemment

– Le musée Saint-Rémi pour découvrir l’histoire de la ville

– La villa Demoiselle pour les fans d’Art Déco et d’Art Nouveau