Le Panthéon : temple de la nation française

panthéon

Monument emblématique situé dans le 5ème arrondissement de Paris, le Panthéon incarne aujourd’hui l’héritage révolutionnaire et l’idéal républicain de la France. Accueillant les corps de personnalités éminentes qui ont contribué de manière significative au développement du pays, il conserve sa mémoire collective et rappelle aux générations présentes et futures les moments clés de son histoire. Pourtant ce temple laïque ne l’a pas toujours été comme nous allons le voir tout de suite. 

Des origines chrétiennes

En mars 1744, l’armée autrichienne menace l’Alsace ce qui oblige Louis XV à intervenir. Pour cela, le roi de France, âgé de 34 ans, rentre en campagne, mais ne peut se passer de sa favorite de l’époque, la duchesse de Châteauroux. Sur le chemin, bien qu’ils ne puissent pas dormir sous le même toit, les deux amants sont toujours logés dans des maisons attenantes afin de pouvoir se voir (presque) librement. Lorsqu’il arrive à Metz, le roi est reçu par le duc de Richelieu et s’y rend avec sa favorite. Il tombe alors subitement malade et semble sur le point de mourir, mais son confesseur, le père Perusseau, lui refuse les derniers sacrements s’il ne chasse pas sa concubine. Contraint de céder, le roi accepte et invoqua l’intercession de Sainte Geneviève pour obtenir sa guérison. 

Miraculeusement rétabli, le roi se rend sur la tombe de la sainte patronne de Paris et promet aux chanoines qui gèrent le sanctuaire de reconstruire l’église aux frais de la couronne. C’est l’architecte Jacques-Germain Soufflot qui est chargé des travaux qui commencent en 1755, mais le chantier avance lentement. La première pierre n’est posée qu’en 1764 et à la mort de Soufflot en 1780, le monument n’est pas achevé. Son successeur, Jean-Baptiste Rondelet achèvera finalement le bâtiment en 1790. Inspiré de Saint-Pierre de Rome et de Saint-Paul de Londres, l’édifice, qui n’a pas été consacré, reçoit tout de même la châsse de Sainte Geneviève, mais en ces temps révolutionnaires, la nouvelle basilique ne pas tarder à changer de statut.

L’héritage révolutionnaire

Alors que les députés du Tiers Etat ont transformé les Etats Généraux en Assemblée Nationale, ils décident également de transformer la nouvelle basilique en Panthéon destiné à recevoir les corps des grands hommes ayant rendu service à la patrie. Parmis les panthéonisés les plus connus de l’époque, on compte notamment Mirabeau, premier entrant mais aussi premier sortant*, Voltaire, Rousseau ou encore Marat qui remplaça Mirabeau mais qui sera également exclu du Panthéon quelques années plus tard. Suite au retrait de son corps, on décide qu’une personnalité ne pourra intégrer le Panthéon que dix ans après sa disparition et aucune inhumation n’est programmée entre 1794 et 1806.

Lorsque Napoléon arrive au pouvoir, il trouve un compromis avec l’Église Catholique par le biais du Concordat de 1801 en réservant la nef du Panthéon au culte chrétien alors que la crypte devient le tombeau des dignitaires de l’Empire.  Cet arrangement ne convient ni aux catholiques qui auraient voulu expulser Rousseau et Voltaire, ni aux Jacobins qui s’insurgent contre l’organisation du culte dans ce lieu dont l’Église avait été chassée en 1789. Finalement, lors du retour des Bourbons en 1816, le Panthéon est entièrement restitué à Sainte Geneviève et la crypte est fermée. Cependant, le nouveau roi, Louis XVIII, se refuse à jeter à la fosse commune les corps de Rousseau et de Voltaire. A propos de ce dernier, le roi aurait dit : “Laissez ! Il sera bien assez puni d’entendre la messe chaque matin.”

* pour cause de trahison de la cause révolutionnaire (Mirabeau entretenait une correspondance secrète avec le roi)

Du XIXème siècle à nos jours

Tout au long du XIXème siècle, les orientations du Panthéon sont dictées par la conjoncture politique particulièrement instable. Ainsi, sous Louis-Philippe, le roi porté au pouvoir par une révolution désaffecte l’église Sainte-Geneviève pour confirmer son attachement aux idéaux révolutionnaires, mais par prudence, n’introduit aucune nouvelle personnalité. Il fait toutefois sculpter par David d’Angers l’actuel fronton du Panthéon : “Aux grands hommes la patrie reconnaissante”. Néanmoins, le 6 décembre 1851, quatre jours après son coup d’Etat, Napoléon III restitue le Panthéon à Sainte Geneviève pour remercier le clergé de son soutien. 

Malgré la fin de l’Empire en 1870, de grands travaux de décoration intérieure sont lancés par le marquis de Chennevières et célèbrent le passé médiéval chrétien de la France. La gauche républicaine ne remet pas en cause ce décor mais profitera de la mort de Victor Hugo en 1885 pour séculariser le monument au grand scandale des catholiques. Revenu à sa fonction laïque, le Panthéon accueillera les cendres de Jean Jaurès en 1924, même si le monument divise toujours autant la société. 

La panthéonisation de Jean Moulin par Charles de Gaulle en 1964 permet d’atténuer les clivages dans le pays grâce à la personnalité et au parcours de l’ancien résistant dont l’oraison funèbre est réalisée par André Malraux, ministre de la Culture. Cette volonté d’éviter un aspect trop partisan dans les introductions est renforcée par François Mitterrand qui introduira des profils aussi variés que Jean Monnet (père fondateur de l’Europe), René Cassin (ancien compagnon du général de Gaulle) et bien sûr, Pierre et Marie Curie. Cette tendance plus consensuelle a perduré jusqu’à nos jours avec l’introduction en 2021 Joséphine Baker, sixième femme et la première femme noire à rejoindre ce mausolée républicain.

Vous connaissez désormais l’histoire de l’un des monuments les plus connus de Paris et que vous pouvez visiter librement ou lors de visites-conférence (informations sur le site suivant : https://www.paris-pantheon.fr/visiter/informations-pratiques).