L’École Polytechnique : héritage de la Révolution

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Parfois surnommé “l’X”, soit en raison de l’importance des mathématiques dans le cursus, soit en raison des deux canons croisés sur l’insigne de l’école, Polytechnique est une référence dans les domaines des sciences et de l’ingénierie. Reconnue pour son excellence académique, sa tradition militaire, et son rôle historique dans la formation des leaders en France, elle a su s’adapter à de nombreux changements de régimes et aux évolutions économiques et sociétales. Voici son histoire : 

Première grande école de la Convention

Le 5 mai 1789, s’ouvrent à Versailles les états généraux réunissant des représentants des trois ordres : le clergé, la noblesse et le tiers état. D’une manière bien involontaire, Louis XVI vient de signer le début d’une période troublée, mais ô combien importante dans l’Histoire de France : la Révolution française. Les changements politiques et sociaux se multiplient et l’enseignement n’est pas épargné par ces mutations profondes. Talleyrand en 1791 puis Condorcet en 1792 font des propositions pour réformer le système éducatif mais leurs propositions ne sont pas adoptées. 

Cependant, en 1793, les universités disparaissent sur décision de la Convention Nationale et de nouvelles institutions sont créées. Ainsi, en 1794, Gaspard Monge (mathématicien) et Lazare Carnot (scientifique et homme politique) créés “l’École centrale des travaux publics” afin de former des ingénieurs et scientifiques de haut niveau dont la France a besoin. En 1795, l’établissement change de nom et devient l’École polytechnique afin de symboliser la pluralité des méthodes enseignées (poly = nombreux en grec ancien). Polytechnique devient alors rapidement une référence en Europe et est très lié aux grands corps de l’Etat que les étudiants rejoignent généralement à la fin de leur cursus.

Polytechnique au XIXème siècle

En 1804, un nouveau changement touche l’établissement. En effet, Napoléon donne un statut militaire à l’école dont les élèves porteront désormais un uniforme. Ainsi, en plus des enseignements scientifiques et mathématiques, les élèves doivent également suivre une formation militaire. Cela n’empêche pas l’école de rester un modèle d’enseignement et, lorsque les Bourbons reviennent au pouvoir après la chute de Napoléon, son existence et son statut ne sont pas remis en cause. Seul fait notable, la promotion 1814 est exclue de l’école en 1816 pour cause de manque de discipline. En réalité, les motivations semblaient être plus politiques avec une volonté d’éliminer les éléments trop républicains ou bonapartistes de Polytechnique. 

Durant les révolutions de 1830 puis de 1848, les élèves de l’école interviendront avec vigueur, d’abord au côté des insurgés, puis en tant que médiateurs entre les révolutionnaires et le pouvoir. Sous le Second Empire, les programmes d’enseignement sont réformés en renforçant notamment l’apprentissage dans les domaines de la chimie et de la mécanique. L’objectif est alors de répondre aux besoins de l’armée impériale et de l’industrie en plein développement en France à cette époque.

Du XXème siècle à nos jours

Après la défaite de 1871 face à la Prusse, Polytechnique va préparer la revanche militaire sur l’Allemagne jusqu’au premier conflit mondial. Ce n’est donc pas une surprise si quatre maréchaux français de la Grande Guerre sont d’anciens polytechniciens : Foch, Joffre, Fayolle et Maunoury. Les élèves de l’école sont mobilisés durant le conflit et près de 900 d’entre eux périront durant les combats. Le conservatisme et l’orientation militaire de Polytechnique vont cependant être critiqués mais aucune réforme d’envergure n’a lieu durant l’entre-deux guerres. 

Cependant, après la Seconde Guerre mondiale, Polytechnique participe activement à la reconstruction du pays en formant des ingénieurs et en 1970, le modèle d’enseignement est réorganisé pour introduire une approche plus généraliste. De plus, l’École s’ouvre enfin aux femmes en 1972, mettant fin à une longue tradition d’exclusivité masculine. Enfin, fidèle à sa tradition d’excellence internationale, l’établissement accueille un nombre croissant d’étudiants étrangers et noue de nombreux partenariats académiques internationaux. Cette capacité d’adaptation permet à Polytechnique de demeurer encore aujourd’hui l’une des grandes écoles françaises, capable de relever les défis scientifiques et économiques actuels comme l’ont montré les prix Nobel décernés aux polytechniciens Maurice Allais en 1988 et Jean Tirole en 2014. 

Voilà pour l’histoire de cette école française bien connue et parfois décriée. J’espère que cet article vous aura donné envie de la découvrir. En attendant, n’hésitez pas à réagir à l’article et à le partager sur les réseaux.