L’enceinte du Mans : vestige de la période romaine

enceinte romaine du mans

Quand on se balade dans la Cité Plantagenêt, on se croirait revenu au Moyen-Âge. Il faut dire qu’avec ses rues pavées, ses maisons à pans de bois et ses hôtels Renaissance, le centre-ville médiéval de la ville donne l’impression de voyager dans le temps. Pourtant, c’est un autre élément qui m’a le plus marqué en contrebas de ce quartier : les vestiges de l’ancienne muraille romaine. Voilà son histoire : 

Contexte et construction de la muraille 

Avant la conquête, le territoire actuel de la Sarthe était occupé par la tribu celte des Aulerques Cénomans. La ville du Mans s’appelait alors Vindunum et sera prise par les romains en -56 qui la rebaptiseront Civitas Cenomanorum (la cité des Cénomans). Durant les premières années de l’Empire, la Pax Romana va permettre un fort développement de la ville et la construction de nombreux édifices typiquement romains (aqueducs, amphithéâtre, thermes, forum). Néanmoins, l’Empire va connaître une grave crise économique au IIIème siècle, qui sera aggravée par des problèmes sociaux, démographiques et politiques. Cette période d’instabilité va alors pousser de nombreuses villes à vouloir se protéger. 

Ce sera notamment le cas du Mans qui, après avoir atteint son expansion maximale au IIème siècle, verra son territoire se réduire dès le début du IIIème siècle. Il est cependant difficile de donner une date exacte pour la construction de l’enceinte qui s’est probablement étendue sur plusieurs décennies*. Néanmoins, alors que des travaux archéologiques menés dans les années 1980 estimaient que la muraille datait de 280, des analyses de 2017 ont montré que la construction s’est plutôt faite entre les IIIème et IVème siècle. 

Lorsqu’elle sera achevée, l’enceinte construite entre deux cours d’eau locaux (la Sarthe et le ruisseau d’Isaac) mesurera près d’1,3km de long, 10 mètres de haut et sera large de 4-5 mètres. Afin de protéger la muraille, une quarantaine de tours furent disposées le long des murs et un vaste espace fut dégagé à l’extérieur des remparts afin d’empêcher d’éventuels assaillants de se cacher pour une attaque surprise. De plus, afin de symboliser la richesse de la ville et l’autorité de l’Empire, la muraille fut richement décorée grâce à une alternance de briques rouges et de motifs géométriques plus clairs que l’on peut encore admirer aujourd’hui.

* A titre d’exemple, l’enceinte d’Aurélien à Rome, longue de 19km, a été construite entre 271 et 282

De la fin de l’Empire à nos jours

Durant les premiers siècles du Moyen-Âge, l’enceinte va conserver un rôle défensif important, notamment face aux attaques répétées des bretons puis des vikings qui obligeront le roi Charles le Chauve à ordonner la restauration des fortifications. La muraille permettra aussi de poser une limite territoriale entre la cité et ses faubourgs. Cependant, à partir du XIeme siècle, la ville va commencer à s’étendre et englobera petit à petit le mur romain. 

Les guerres de Cent Ans puis de Religion vont néanmoins entraîner la construction de nouvelles portions d’enceintes qui renforceront ou se substitueront à la muraille romaine. Durant la guerre de Cent Ans, des fossés sont même creusés devant l’enceinte pour renforcer la protection de la ville alors que des quartiers d’habitations furent rasés. Enfin, dès 1354, une nouvelle enceinte sera élevée pour renforcer l’ancienne muraille romaine.

Lorsqu’arrivera la deuxième moitié du XVIème siècle, les enceintes du Mans seront encore renforcées en raison des progrès de l’artillerie qui finiront par rendre la muraille obsolète au XVII et XVIIIème. L’enceinte était alors principalement à la charge de l’administration locale même si certains pans appartenaient à l’Eglise où étaient intégrés à des hôtels particuliers. Les fossés furent alors comblés et de nouvelles places (Jacobins et Eperon) furent créées pour améliorer la circulation et embellir la ville.

Au milieu du XIXème, l’enceinte sera sectionnée par deux fois sur 20 mètres. D’abord pour construire un escalier monumental reliant la place de la cathédrale à celle des jacobins, puis pour ouvrir le tunnel Wilburg-Wright qui facilita l’accès à la ville depuis la rive droite. Les sociétés d’archéologie créées à cette époque permettront cependant de redécouvrir l’ancienne enceinte qui sera classée monument historique en 1862 malgré les nombreuses habitations et édifices qui masquaient sa présence. Il faudra un demi-siècle de travaux (qui débuteront en 1910) pour dégager la muraille et restaurer les fortifications grâce à l’aide de l’Etat.  

Les travaux achevés rendront plus agréable les quartiers situés en bordure de la Sarthe et, combinés à l’arrivée du train, renforceront l’attrait touristique de la ville. Aujourd’hui, l’enceinte est fortement valorisée et une candidature a même été déposée pour son inscription au patrimoine mondial de l’humanité. 

Vous avez maintenant une idée de l’histoire de l’une de belles enceintes romaines encore existantes aujourd’hui (avec celles de Rome et d’Istambul). J’espère que cet article vous aura donné envie de la découvrir. En attendant, n’hésitez pas à réagir à l’article et à le partager sur les réseaux.