L’histoire de l’hôpital Saint-Louis et de son musée

Quand on pense aux lieux à visiter, les hôpitaux ne sont généralement pas les premiers choix. Pourtant, à Paris, se trouve un musée d’un genre très particulier, niché au cœur de l’un des principaux hôpitaux de la capitale : le musée des moulages de l’hôpital Saint-Louis.

À l’origine, un hôpital pour lutter contre la peste

Durant le XVIème siècle, la France est violement touchée par plusieurs vagues de peste. Lorsque débute le XVIIème siècle, l’épidémie sévit toujours et aux yeux des autorités, le seul moyen d’endiguer cette maladie est d’isoler les malades. Néanmoins, à cette période, les pestiférés sont soignés à l’Hôtel-Dieu avec d’autres patients. Alors qu’un projet d’hôpital n’avait pu aboutir en 1519, faute de moyens, Henri IV décide en mai 1607 de lancer la construction d’un hôpital qui sera appelé Saint-Louis en l’honneur de Louis IX que l’on pensait mort de la peste (en réalité, il était atteint de scorbut et est mort de dysenterie).

Le lieu choisi est situé non loin de la butte de Montfaucon afin de construire le bâtiment sur un site élevé et donc plus aéré. De plus, afin de régler les soucis liés au financement, il est décidé que les fonds nécessaires à la construction proviendraient de la redevance sur la vente du sel à Paris (la gabelle). On a encore aujourd’hui un doute sur l’auteur des plans, mais il semble que ce soit Claude Vellefaux – qui a aussi travaillé sur l’aménagement de la Place des Vosges et la construction de l’Hôtel-Dieu – qui en soit l’architecte. La première pierre est posé par Henri IV le 13 juillet 1607 et la construction sera rapide puisqu’en 1612, les travaux sont terminés.

Afin de bien isoler les malades du reste de la population, les bâtiments sont entourés d’une double muraille. Pourtant, malgré sa taille, cet hôpital n’est pas initialement destiné à être ouvert en permanence. Ainsi, entre 1616 et 1767, l’hôpital connaitra plusieurs ouvertures temporaires, souvent pour cause d’épidémie. Il restera ouvert de manière permanente à partir de 1773 suite à l’incendie qui frappa l’Hôtel-Dieu en 1772. Alors que les bâtiments sont menacés de démolition en 1788, la Révolution sauve l’hôpital qui change de nom en 1801 pour devenir l’hospice du Nord. Durant les XIX et XXème siècle, Saint-Louis va alors considérablement se développer en se spécialisant notamment dans les domaines de la dermatologie, de l’hématologie puis de la cancérologie. Enfin, dans les années 1970, de nouveaux bâtiments sont construits afin d’y transférer les soins hospitaliers alors que les anciens bâtiments, dont la plupart sont classés aux Monuments Historiques, accueillent désormais les services administratifs.

Le musée des moulages

Au-delà de ses services de soin, l’hôpital Saint-Louis abrite également deux curiosités : tout d’abord, une chapelle dans laquelle a notamment été célébré un service  funèbre suite à l’assassinat d’Henri IV. Ensuite, un musée d’un genre bien particulier dont voici l’histoire :

Grâce aux travaux de Jean-Louis Alibert, médecin et membre de l’Académie de médecine, la première école de dermatologie est créée à Saint-Louis au début du XIXème siècle. Quelques années plus tard, c’est un autre médecin, Alphonse Devergie, qui a l’idée de créer un musée des maladies de peau. En 1865, il léguera une collection d’aquarelles et de dessins, alors qu’à la même époque, Charles Lailler (également médecin) va faire reproduire par un artisan, Jules Beretta, des moulages représentant l’effet des maladies de peau afin que les étudiants se fassent une image plus réelle des différentes pathologies.

Dans les années qui suivent, la collection du musée s’agrandit et des travaux sont engagés pour construire un nouveau bâtiment. Il sera achevé en 1889 lors du premier Congrès International de Dermatologie. Dans les années qui suivent, Jules Beretta, devenu conservateur du musée en 1884, reçoit de nombreuses commandes de moulage et plusieurs musées du même genre sont créés dans différent pays. La qualité de ses moulages est telle qu’ils seront utilisés jusque dans les années 1960 pour enseigner la dermatologie, avant d’être remplacé par des photographies.

Aujourd’hui, le musée regroupe la plus importante collection de moulages au monde avec près de 4800 pièces. On y trouve notamment les collections :

– Alfred Fournier : dermatologue français du XIXème siècle, spécialisé dans les maladies sexuellement transmissibles

– Péan : collection léguée par la veuve du professeur Péan, elle concerne des difformités diverses

– Parrot : pédiatrie et malformations congénitales.

À noter que comme de nombreux musée, celui des moulages a beaucoup souffert lors de ces derniers mois. Si vous le souhaiter, vous pouvez le soutenir à l’aide de la fiche ci-dessous :

http://ghparis10.aphp.fr/wp-content/blogs.dir/41/files/2014/07/fiche-dons-sls25-07.pdf

Si cet article vous a donné envie de visiter ce musée particulier, vous trouverez plus de renseignements en suivant le lien ci-dessous :

Que visiter d’autres autour du musée des moulages de l’hôpital Saint-Louis

Si vous avez le temps, voici quelques autres idées de musées originaux à visiter à Paris :

  • Pour rester dans le thème de l’article, on commence par le musée Dupuytren des pathologies anatomiques situé au sein de la faculté de Médecine Paris-Descartes
  • Sur un registre plus léger, on retrouve le musée de l’illusion situé 98 Rue Saint-Denis, 75001 Paris, France
  • Pour les enquêteurs en herbe, on a le musée de la préfecture de Police situé dans l’hôtel de police des 5e et 6e arrondissements
  • Les Catacombes sont connus, mais que dire du musée des égouts de Paris situé face au 93 quai d’Orsay – 75007 Paris
  • Et enfin, on est en France, il est donc normal de finir avec le Musée du Vin situé… rue des Eaux (!) dans le 16e arrondissement

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