Notre-Dame de Taverny

À une vingtaine de kilomètres de Paris et non loin de la forêt de Montmorency, se dresse l’un des fleurons franciliens de l’art gothique consacré à la Vierge et à saint Barthélémy. Cette église construite sur un sous-sol de gypse souffre depuis l’origine d’instabilité et demande un entretien constant ce qui explique les différentes restaurations dont elle a fait l’objet au cours de son histoire.

Le contexte local

L’existence de Taverny est matérialisée en 754 sous le nom de « Tabernacius » dans un décret de Pépin Le Bref, le père de Charlemagne. La ville qui appartenait à un dénommé Guntaud qui pour le salut de son âme, va léguer le village à la puissante abbaye royale de Saint-Denis. Contesté localement, la donation sera confirmée par Pépin Le Bref lui-même à la demande de l’abbé Fulrad*.

Quelques siècles plus tard, la puissante famille de Montmorency étend son territoire aux terres de Taverny au détriment de l’abbaye de Saint-Denis avec qui les relations sont tendues. Pour cela, Richard de Montmorency va, en 1122, donner l’ancienne église de l’époque (dite de Moncelles) à l’abbaye Saint-Martin de Pontoise. En effet, au XIIIème siècle, des seigneurs pouvaient parfaitement contrôler des édifices religieux et en nommer les desservants. De plus, ces églises permettaient de percevoir d’importants revenus et d’asseoir l’autorité seigneuriale sur les habitants des alentours. Afin de légitimer cette donation, les seigneurs de Montmorency la feront confirmer par un acte de l’évêque de Paris qui est aujourd’hui conservé aux archives départementales du Val d’Oise.

* 14ème abbé de Saint-Denis

La famille de Montmorency

Alors que les origines de la famille remontent probablement au Xème siècle, les Montmorency vont voir leur prestige et leurs richesses s’accroître considérablement avec Mathieu Ier qui deviendra notamment conseiller de Louis VII et connétable du Royaume. Cependant, c’est son fils, Mathieu II (dit le Grand) qui jouera un rôle décisif dans l’histoire de l’église de Taverny. Ce puissant seigneur participera aux troisième et cinquième croisades, à la reconquête de la Normandie, mais également à la bataille de Bouvines où il se distinguera en s’emparant de douze enseignes impériales. Comme son père, il sera fait connétable en 1218 avant de partir en expédition contre les albigeois dans le sud de la France.

C’est donc ce seigneur puissant qui va faire construire l’église Notre-Dame de Taverny, non loin d’un château aujourd’hui disparu, mais qui d’après des fouilles entreprises au XIXème siècle, se trouvait au nord-est de l’église actuelle (sur le site de l’actuel cimetière). La proximité de ce château pourrait d’ailleurs expliquer le choix de l’emplacement de l’église. En effet, cela permettait de renforcer l’image positive des seigneurs de Montmorency après des rois de France.

Entre mythes et réalités

Il existe peu de sources écrites sur la construction de l’église de Taverny. Ainsi, l’authenticité de certains épisodes lié à la construction de Notre-Dame sont sujets à des doutes. Le premier de évènements concerne Blanche de Castille qui aurait assisté à la pose de la première pierre. Néanmoins, mais aucune source écrite sérieuse ne vient confirmer cet événement illustré sur l’un des vitraux de l’église.

La deuxième histoire daterait de juin 1335. Ce mois-là, Jean, fils unique de Philippe VI de Valois et de Jeanne de Bourgogne, est pris d’un mal étrange alors qu’il se trouve au château des Montmorency à Taverny. La succession du royaume étant en péril, le roi va faire appel aux moines de l’abbaye de Saint-Denis qui viendront en procession et ils apporteront les saintes reliques à Taverny : le saint-clou, un fragment de la couronne d’épines et le doigt de Saint-Denis. En échange, le roi de France fera le vœu de donner une somme d’argent pour la construction d’un portail à l’église de Taverny. Une fois le prince guéri, Philippe VI marchera jusqu’à Saint Denis avec les reliques avant de respecter son vœu. Le portail construit prendra alors le nom de « Porte du roi Jean* ». Cependant, une fois de plus, aucune source véritablement fiable ne relate ces évènements.

* Le fils de Philippe VI deviendra le futur Jean II le Bon

Du XIIIème siècle à nos jours

Si les révoltes paysannes liées la Jacquerie ont pu entrainer des dégâts dans l’église, la guerre de cent ans va ravager un peu plus l’édifice qui sera toutefois reconstruit. Quelques années plus tard, sous le règne d’Henri II, Anne de Montmorency, offre un somptueux retable et des panneaux sculptés qui viennent décorer l’église.

Au début du XVIIème siècle, c’est la Fronde (révolte contre le pouvoir royale) qui fait des dégâts dans le Val d’Oise, notamment à Taverny en 1652 où les troupes royales pillent le village. Quelque peu délaissé dans les années suivantes, Taverny va être victime en 1788 d’un violent orage de grêle qui occasionnera une fois encore des dégâts. Dans la foulée, les excès de la Révolution engendreront de nombreuses dégradations et pillages.

Heureusement, au début du XIXème siècle, plusieurs rénovations liées à la voûte seront entreprises et l’église sera même classée monument historique en 1842 (où 1846, un doute subsiste). Quelques années plus tard en 1861, c’est le grand escalier qui est refait et la façade occidentale est même restaurée en 1886. Dernier accroc dans la vie mouvementée de l’église, la porte de la sacristie fut forcée le 8 mars 1906 lors de l’inventaire réalisé à la suite de la loi de 1905 (séparation de l’Eglise et de l’Etat). Enfin, d’ultimes travaux de restauration vont être effectués en 1996 à l’intérieur de l’église.

Si cet article vous a donné envie de visiter cette église, vous trouverez plus de renseignements en suivant le lien ci-dessous :

https://www.ville-taverny.fr/agenda/visite-de-l-eglise-notre-dame-de-taverny

Que visiter d’autres autour de Taverny

Si vous avez le temps, voici quelques autres idées de visite :

  • Eglise Saint-Leu Saint-Gilles de Saint-Leu-la-Forêt (mettre lien vers l’article)
  • Basilique de Saint-Denis (lien article)
  • Le château d’Ecouen et son musée national de la Renaissance
  • L’abbaye de Royaumont
  • Le musée Louis Senlecq de l’Isle-Adam
  • Le château de la Roche-Guyon

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