Pompéi devient immortelle

Dans l’article précédent, j’ai décrit les origines et le quotidien des habitants de Pompéi. Dans ce deuxième article, je vais désormais vous parler de la catastrophe qui a entrainé la fin de cette cité romaine.

Un avertissement prémonitoire ?

Quelques années avant sa destruction, Pompéi avait déjà été frappé par le destin. En effet, en 62, un tremblement de terre assez violent frappa la ville occasionnant d’importants dégâts sur des édifices aussi emblématiques que les temples de Jupiter et d’Isis ou l’un des arcs de triomphe du Forum. Pour sa reconstruction, la petite cité de Campanie ne put pas compter sur l’aide de Néron, l’empereur ayant déjà assez de soucis à régler après l’incendie de Rome en 64. Les pompéiens tenteront bien de reconstruire leur ville, mais lors de l’éruption de 79, la plupart des bâtiments endommagés ne sont toujours pas reconstruits. En se baladant aujourd’hui dans les ruines de la ville, on voit encore les dégâts causés par le séisme.

Une date qui fait encore débat

Durant des années, on a pensé que la destruction de Pompéi avait eu lieu le 24 Août 79 suite à la lettre écrite par Pline le Jeune à l’historien romain Tacite. Le jeune homme raconte la mort de son oncle, Pline l’Ancien, amiral de la flotte de Mysène, mort en tentant de sauver les habitants de la ville dévastée en évoquant le neuvième jour avant les Calendes de septembre soit le 24 août. Néanmoins de récentes découvertes ont semé le doute :

  • premièrement, les victimes semblaient porter des vêtements chauds,
  • ensuite on a retrouvé des fruits d’automnes (châtaignes, dattes, …),
  • enfin et surtout, on a retrouvé l’inscription d’un esclave daté du seizième jour avant les calendes de novembre, soit le 17 octobre. Cela signifie que la cité n’était pas encore détruite à cette date-là.

Mais dans ce cas, quelle est donc la bonne date ? Dans un article publié sur le site du quotient Le Monde, Alix Barbet (directrice de recherche honoraire au CNRS) a expliqué que certaines copies de la lettre de Pline le Jeune mentionne le neuvième jour avant les calendes de novembre (et non septembre). En suivant cette hypothèse, la tragique disparition de la cité aurait eu lieu le 24 octobre 79.

Le Vésuve se déchaine

Contrairement à une idée répandue, les habitants de Pompéi n’ont pas été interrompu en plein milieu de leurs activités par un torrent de lave déchainé. La meilleure preuve provient du nombre de victimes : entre 1000 et 2000 selon les estimations. Ces chiffres prouvent que plus des trois-quarts des habitants ont réussi à fuir la ville avant qu’elle ne soit ensevelie. En effet, l’éruption qui va détruire Pompéi (mais également Herculanum, Stabies et Oplontis) va durer près de 36 heures.

Ainsi le matin du 24 octobre, des grondements de plus en plus fort proviennent du Vésuve. Aux alentours de midi, les pompéiens entendent une forte explosion venue du somment du volcan. Le bouchon de roche qui contenait le magma vient de sauter. Un panache éruptif composé de cendres atteint les 30 km de haut et s’étend progressivement vers Pompéi, poussé par le vent. Résultat, autour de 15h, la ville est plongée dans l’obscurité. Pire encore, le nuage commence peu à peu à décharger les pierres ponces qui le compose. La plupart des habitants quittent la ville (ou l’ont déjà quitté) mais certains pensent encore pouvoir se protéger chez eux. D’autres marchent dans les rues en tentant de se protéger grâce à des draps et des couvertures mais cela n’empêche pas les premiers morts. En fin de journée, la ville est quasiment ensevelie sous une couche allant de deux à trois mètres d’épaisseur. Lorsque la nuit tombe, les premiers toits commencent à s’effondrer sous le poids des pierres ponces près de 400 personnes meurent ensevelies chez dans leur maison. Finalement, autour de minuit, l’ensevelissement est terminé mais malheureusement pour les pompéiens encore présents, le calvaire ne fait que commencer.

Le lendemain matin, la deuxième phase de l’éruption débute. En effet, la colonne éruptive commence à s’effondrer sur elle-même et donc sur la ville sous forme de sept nuées ardentes (aussi appelé coulées pyroclastiques). Ces nuées se présentent sous la forme de nuages composés de poussières et de roches incandescentes avançant à une vitesse de 100km/h, les températures avoisinant les 300 °C. La première nuée frappera le mur d’enceinte nord de la ville ce qui protégera les habitations situées derrière les fortifications mais les nuages suivants n’épargneront pas la cité. Pour les pompéiens encore présents, il est trop tard pour fuir et ceux qui tentent de sortir sont bloqués par les couches précédentes. Certains tentent encore de se protéger par un linge, mais cette fois, c’est inutile et ceux qui survivent aux ondes de choc sont asphyxiés par la poussière. Les derniers survivants finissent brulés. En fin de matinée, l’éruption est enfin terminée. La destruction de Pompéi lui permet de rentrer dans l’Histoire.

La sollicitude de l’empereur

À l’époque de la destruction de la cité, l’Empire romain est dirigé par Titus. Ce-dernier avait succédé à son père Vespasien en Juin 79 et jouissait avant son arrivée au pouvoir d’une bien mauvaise réputation. Considéré comme un homme cruel et débauché, il changera radicalement de personnalité lors de son arrivée au pouvoir et deviendra un empereur sage et apprécié de son peuple. Ainsi, lorsqu’il apprendra la destruction de Pompéi, Titus fournira des biens de première nécessité aux survivants et en enverra l’armée pour reconstruire les routes. Il dépêchera également une commission sur place qui conclura que la cité ne peut pas être reconstruite (contrairement à la ville voisine de Stabies). Titus réattribuera alors des terres aux rescapés et financera de nombreux travaux sur ses deniers personnels. Il s’éteindra le 13 septembre 81 après seulement deux ans de règne, frappé par la peste. La signification de ces dernières paroles (« Je n’ai commis qu’une seule erreur. ») reste encore aujourd’hui un mystère.

Dans le prochain  et dernier article sur Pompéi, nous nous intéresserons à la (re-)découverte de la cité et aux fouilles réalisées par plusieurs générations d’archéologues.